Cela faisait près de deux semaines que les délégations et les ONG l’attendaient. À quelques heures de la fin de la COP29, la présidence a dévoilé une nouvelle version du texte concernant le nouvel objectif de financement climatique (New Collective Quantified Goal, NCQG). Ce texte encadre les modalités concernant le financement de l’action climatique à partir de 2025. Il remplacera l’objectif actuel de 100 milliards de dollars pris en 2009 à Copenhague pour 2020.
C’est la douche froide pour les ONG. « Ce texte est irrespectueux ! Après trois ans de négociations techniques, les pays du Nord osent donner un chiffre ridicule ? Nous refusons d’y croire ! », réagit Gaïa Febvre, responsable politiques internationales au Réseau Action Climat.
250 milliards de dollars pour les pays développés
Après plusieurs propositions sans montant chiffré tout au long de la semaine, une nouvelle version du texte est arrivée tôt ce vendredi matin. Il « appelle tous les acteurs à travailler ensemble pour permettre l’augmentation du financement des pays en développement Parties signataires à la Convention pour l’action climatique, provenant de toutes les sources publiques et privées, à au moins 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 ».
Le texte propose un objectif de financement pour les pays développés à 250 milliards de dollars par an d’ici 2035 à destination des pays en développement « au titre de l’action climatique ». Ce montant proviendra d’une « grande variété de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris des sources alternatives ». Par ailleurs, le texte invite les pays en développement à apporter des contributions supplémentaires, notamment par le biais de la coopération Sud-Sud.
Un texte qui peut encore évoluer
Ce texte devrait entraîner la colère des pays en développement. Mercredi 20 novembre, le président du Groupe africain, Ali Mohamed, décrivait un objectif de financement de base de 200 milliards de dollars par les pays développés comme « une blague ». Pas sûr qu’il soit davantage convaincu par 250 milliards.
Le plus grand bloc de négociation, le G77 + la Chine, défend bien un objectif de 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2030, mais avec un financement majoritaire de la part des pays développés. Ils réclament davantage de subventions que de prêts. Le groupe d’experts indépendants sur la finance climat (IHLEG) piloté par l’économiste Nicholas Stern proposait pour sa part un financement de la part des pays développés d’au moins 1 000 milliards de dollars par d’ici 2030 pour les pays émergents et en développement, à l’exclusion de la Chine, dont 50 % viendrait du secteur privé.
Le Climate Action Network, réseau d’environ 2 000 ONG, défend de son côté un chiffre de 1 000 milliards de dollars en subventions, hors finance privée. « On défend aussi des sous-objectifs : 30 % pour l’atténuation, 30 % pour l’adaptation et 40 % pour les pertes et dommages », rappelle Gaïa Febvre. Pour l’instant, le texte propose que le financement se fasse « dans le contexte d’actions d’atténuation et d’adaptation significatives et ambitieuses, et de transparence dans la mise en œuvre ».
Gaïa Febvre veut rassurer. « Un accord honnête est encore possible, pays développés : vous pouvez encore sortir de cette COP la tête haute », réagit-elle.
L’ambition finale du NCQG déterminera l’ambition des contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays en développement qui reste en grande partie incertaine. Côté avancées concrètes, le Mexique est devenu le dernier pays du G20 à annoncer son engagement à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le Canada, le Chili, l’Union européenne, la Géorgie, le Mexique, la Norvège et la Suisse ont également annoncé leur engagement à soumettre des CDN alignées sur l’objectif de 1,5 °C pour l’ensemble de l’économie.
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