Sous présidence chilienne, la COP25 se tient à Madrid du 2 au 13 décembre. Surnommée « Blue Cop », cette nouvelle COP a pour thème clé les océans. Le Chili lance à cette occasion une plate-forme d’engagements des Etats consacrée aux solutions océaniques. L’objectif est que les pays incluent des engagements océaniques dans leurs nouveaux plans de lutte contre les changements climatiques.
La biodiversité s’installe enfin dans les discussions
Au-delà des océans, cette COP s’attachera à souligner les liens majeurs entre climat et biodiversité. Concrètement, les solutions fondées sur la nature, c’est-à-dire les solutions en termes d’atténuation et d’adaptation fondées sur la protection des écosystèmes, pourront être mises dans les nouvelles contributions des États qui réévaluent à la hausse leurs engagements en matière de protection du climat.
« On ne peut pas se donner une ambition climatique au détriment de la biodiversité », souligne Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI). Cette année, les trois rapports spéciaux du GIEC – sur le réchauffement à 1,5°C, sur les sols, l’océan et la cryosphère – ont en effet montré que tous les secteurs et tous les territoires doivent viser la neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle. Cela ne pourra se faire que si l’on garantit un bon fonctionnement des écosystèmes.
« Si l’on ajoute le rapport de l’évaluation mondiale de l’IPBES, la science est assez claire : des scénarios d’ambition climatique très forte qui ne seraient pas compatibles avec la biodiversité sont des scénarios qui ne seraient pas souhaitables, note Sébastien Treyer. Cette prise de conscience est assez nouvelle dans le milieu de la négociation climatique. »
Conditionner l’action climatique à la préservation de la biodiversité
Ces derniers mois, une impulsion politique semble apparaître pour mettre la biodiversité et le climat au même niveau de priorité. À travers sa présidence du G7, la France a fait signer la Charte de Metz sur la Biodiversité aux ministres de l’Environnement du G7. L’Hexagone a par ailleurs lancé l’initiative « One Planet Lab » où la biodiversité, le climat et l’océan sont au même niveau de priorité. Le 6 novembre, la déclaration conjointe d’Emmanuel Macron et de XI Jinping, Président de la République populaire de Chine, mettait aussi au même niveau le climat et la biodiversité.
« Les sujets du climat et de la biodiversité sont aussi au cœur de cet agenda multilatéral commun », ont insisté les deux présidents. 2020 sera une année importante pour la préservation de la biodiversité et le climat avec le Congrès mondial de la nature à Marseille, la COP biodiversité à Kunming en Chine, la COP26 à Glasgow en Ecosse, ainsi que des négociations sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute-mer. La COP25 est une étape importante de construction pour préparer ces rencontres et coordonner une action ambitieuse sur la biodiversité et sur le climat. « Nous attendons l’ouverture d’un programme de travail stratégique entre la convention climat et la convention biodiversité pour orchestrer les engagements climatiques, des « contributions déterminées au niveau national » (NDC, selon l’acronyme anglais), et les stratégies et plan d’action nationaux pour la biodiversité », prévient Sébastien Treyer.
Le travail de préparation de la COP25 par le Costa Rica et le Chili a mis en avant la biodiversité au cœur des discussions à venir. « Quand on appartient à des territoires ou des secteurs dépendants du capital naturel, on ne peut pas penser une trajectoire de décarbonation sans réfléchir à son impact en matière de biodiversité, sinon on met en jeu la viabilité économique même de ce territoire ou de ce pays », conclut Sébastien Treyer.
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