En 2018, Daniel Blengino et Yannis Kolodziej, encore étudiants à l’Optique Graduate School de Paris-Saclay (IOGS), créent la start-up Visionairy. Leur objectif ? Répondre aux problèmes de contrôle qualité des industriels en leur offrant des systèmes de visions intelligents pour l’inspection des pièces. Cette technologie est basée sur des logiciels spécialisés en IA pour l’analyse des images de pièces, qui sont facilement connectables avec des caméras industrielles ou disponibles sur le marché. Le programme détecte si le composant est défectueux ou non. Les informations des différentes lignes de production sont centralisées, permettant ainsi de remonter à la source du défaut. Cette technologie réduit le nombre de déchets, car seules les pièces endommagées sont écartées et non plus tout le lot. Mais pour entraîner son IA, Visionairy a besoin d’éléments disposant d’anomalies. Or ils sont très rares. Pour y remédier, la start-up a recours à des images de pièces valides. Ces dernières sont ensuite comparées avec les pièces sur la ligne de production et celles qui présentent des défauts sont éliminées.
En 2022, la start-up a levé 1,2 million d’euros auprès du fonds d’investissement NCI WaterStart ainsi que de business angels et de Bpifrance. Avec ces financements, les deux cofondateurs recrutent une équipe de quinze personnes et accélèrent leur développement commercial, principalement en Europe. En France, ils collaborent notamment avec le secteur cosmétique pour inspecter des bidons d’aluminium avec une précision de 0,1 mm à raison de deux pièces par seconde. Ils travaillent aussi avec Siemens sur divers projets industriels d’ampleur. En Allemagne, la start-up automatise la détection de défaut sur des pièces automobiles complexes avec sa technologie d’IA non supervisée. En Suisse et en Italie, elle surveille un process de défilmage de verre.
Une technologie en constante évolution
La technologie proposée par Visionairy est disponible sur abonnement, qui inclut les prestations de services. La start-up assure que le prix est rentabilisé au bout d’un an, et ce d’autant plus que le nombre de lignes à équiper est grand. Si, pour l’instant, elle se concentre sur les domaines de la cosmétique et de l’automobile, la start-up envisage de se lancer sur les marchés très contraints de l’aéronautique, ou l’IA permettra d’aider à la prise de décision et d’accompagner l’opérateur, et de la pharmaceutique.
Pour aller toujours plus loin, Visionairy cherche aussi à intégrer de la reconnaissance d’objet à son logiciel. Ainsi le programme reconnaîtra automatiquement la pièce qui arrive sur la ligne et pourra lui appliquer un contrôle qualité adapté. L’objectif est de gagner en autonomie et en flexibilité.
Enfin, dans les prochaines années, Visionairy souhaite accroître les performances de ses algorithmes en utilisant l’apprentissage itératif. Au lieu de travailler sur une base de données prédéfinie, le logiciel pourra s’exercer sur les images en temps réel des pièces défilant sur les lignes de production et ainsi régler son inspection en fonction de la réalité du terrain.
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