Plus de 70 000 hectares de forêts ont été affectés par la sécheresse et les incendies en 2022, partage l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Pour compenser notamment les incendies de forêt, Emmanuel Macron a promis, vendredi 28 octobre, « la plantation d’un milliard d’arbres » sur le territoire français « d’ici dix ans ». C’est l’équivalent de « 10 % de notre forêt ». « À court terme, nous allons d’abord réparer et replanter », assure le président de la République. Ce projet « passera par un dispositif de soutien à la reconstitution des forêts incendiées », promet-il.
La forêt française subit en effet de plus en plus les impacts du changement climatique. Selon l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), la mortalité a augmenté de 54 % sur la dernière décennie. Elle s’élève désormais en moyenne à 11,4 millions de mètres cubes par an. « Elle est liée à la récurrence d’épisodes de sécheresse et de conditions climatiques à la fois difficiles pour les arbres, et propices aux insectes xylophages, notamment les scolytes », partage l’institut.
La croissance de la forêt française ralentit
Pour comprendre les ordres de grandeur en jeu, il faut s’intéresser aux chiffres. La surface de la forêt atteint 17,1 millions d’hectares en 2021. Elle recouvre 31 % du territoire, avec 2,9 millions d’hectares de plus qu’en 1985, en hausse de 21 %. « Le volume total de bois en forêt s’accroît également de 50 % en 30 ans, atteignant 2,8 milliards de mètres cubes », partage l’IGN. La mortalité atteint désormais 0,4 % du volume total de bois vivant.
Si la surface de la forêt française est toujours en expansion, la croissance des arbres ralentit alors que prélèvements et mortalité augmentent. « Aujourd’hui, le bilan entre la croissance des arbres (5,5 m³/ha/an), la mortalité naturelle des arbres (0,7 m³/ha/an) et les prélèvements de bois par l’Homme (3,2 m³/ha/an) se traduit par une augmentation du volume de la forêt de 1,6 m³/ha/an, soit 25,4 millions de m³/an au niveau national, calcule l’IGN. Sur la période 2005-2013, ce bilan était de 2,5 m³/ha/an, soit 41,7 millions de m³/an pour la France métropolitaine. »
Planter 1 milliard d’arbres ?
Patrice Martin, secrétaire national du SNUPFEN Solidaires, premier syndicat à l’Office national des forêts (ONF), gestionnaire des forêts publiques françaises, juge « inatteignable » l’objectif de plantation d’un milliard d’arbres. « C’est infaisable humainement et techniquement : parce qu’il faut des bras pour planter, préparer le terrain, entretenir et parce qu’il faut d’abord trouver les graines, élever les jeunes plants et les replanter », explique-t-il à l’AFP.
« Planter des arbres ne fait pas une politique forestière », dénonce pour sa part l’ONG Canopée. Dans une tribune relayée par Canopée, 41 parlementaires rappellent que l’ONF « a perdu 32 % de ses effectifs en 20 ans » alors qu’il a pour mission de surveiller les départs de feux dans les forêts publiques et l’état sanitaire de nos forêts. Un amendement au projet de loi de finances pour 2023 permettrait de rouvrir 2 000 postes à l’ONF en 2023. Adopté en commission, il sera discuté en séance plénière à l’Assemblée nationale début novembre.
Sur les 4,6 millions d’hectares gérés à l’ONF, le dérèglement climatique en impacte directement environ 300.000 hectares. L’organisme a lancé des projets d’adaptation au changement climatique dans le cadre du label bas-carbone. Nicolas Philippe, chef du département production et services à l’ONF, nous expliquait récemment ces projets.
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