Pour diminuer l'impact environnemental lié à l'extraction des argiles de carrières, la filière de fabrication de tuiles et briques envisage de recourir aux sédiments fins naturels qui se déposent dans les ports ou les barrages.
Comme toutes les filières qui s’appuient sur l’exploitation des ressources naturelles, l’industrie de la terre cuite planche depuis des années pour réduire son impact environnemental et diminuer le prélèvement des ressources. Le centre technique des matériaux naturels de construction (CTMNC) a ainsi soutenu la thèse de Frédéric Haurine qui montre qu’il est envisageable d’utiliser les argiles qui se déposent dans les cours d’eau associés aux ouvrages hydrauliques tels que les ports, les barrages ou les écluses pour remplacer une partie des argiles extraites des carrières.
Une ressource abondante
La consommation annuelle de matières premières argileuses par l’industrie de la terre cuite française pour la fabrication de tuiles, de briques ou de parements est de l’ordre de 7 Mt/an. Or, on évalue à quelques 40Mt les sédiments qui se déposent chaque année en France, dont 80% liés aux activités humaines. Bien sûr, tous ces sédiments ne conviennent pas une utilisation industrielle. Et comme il n’est pas envisageable de modifier les outils de production, l’objectif était de réussir à quantifier et caractériser les gisements de sédiments utilisables.
Avis favorable pour 25% de la ressource
Pour caractériser rapidement les sites de sédiments potentiellement intéressants pour les industriels de la terre cuite, le chercheur a eu l’idée de développer un cadre minéralogique de référence (CMR) à partir des mélanges de production actuels. C’est grâce à la comparaison avec ce CMR que les sites potentiels ont pu être identifiés rapidement. Au final, 5Mm3 de sédiments qui remplissent les critères d’utilisation par l’industrie de la terre cuite se déposent chaque année. La consommation ne dépassant pas les 3,5 Mm3/an, cette ressource représente une alternative durable à l’argile des carrières. Même s’il reste encore à tester les différents gisements sur des installations industrielles pour ajuster les mélanges.
Des mélanges permettant des utilisations partielles
En outre, Frédéric Haurine, a aussi montré la possibilité d’utiliser des sédiments a priori non conformes. Par exemple, dans une étude sur le bassin de la Durance, des sédiments ne remplissant pas forcément tous les critères ont été mélangés avec succès avec avec d’autres sédiments, dégraissants (chamotte, sables schisteux), ou aux propriétés complémentaires ou encore en les incorporant à un mélange avec des argiles de carrière. Démontrant ainsi que d’autres sites peuvent être utiles à limiter l’extraction des argiles dans des formations géologiques fossiles.
Par Sophie Hoguin
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