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Consommation d’insectes : état des lieux des dangers potentiels et des besoins de recherche

Posté le par La rédaction dans Chimie et Biotech

Pour relever le défi de nourrir la planète en 2030, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est prononcée en faveur du développement de l’élevage d’insectes à grand échelle. Dans la perspective d’un possible développement de ces produits en Europe ou en France, l’Anses a réalisé un état des lieux des connaissances scientifiques sur les risques liés à la consommation d’insectes.

La consommation d’insectes, ou entomophagie, est une pratique très répandue dans certaines parties du monde (Afrique, Asie, Amérique latine), où elle peut faire partie de la culture alimentaire traditionnelle. La FAO estime que « les insectes complètent les régimes alimentaires d’environ deux milliards de personnes » dans le monde et s’est prononcée en faveur du développement de l’élevage d’insectes à grand échelle pour répondre aux inquiétudes croissantes sur la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en protéines.
En Europe, cette pratique semble bénéficier d’un engouement croissant et plusieurs projets industriels et programmes de recherche accompagnent ce secteur naissant, malgré une réglementation en vigueur (actuellement en pleine évolution) qui soulève de nombreuses interrogations.
Dans ce contexte, l’Anses a mené un état des lieux des connaissances scientifiques sur le sujet, notamment concernant les risques sanitaires éventuels liés à la consommation d’insectes et produits d’insectes, à la fois en alimentation animale et humaine.

Des risques sanitaires possibles

Comme tous les aliments, les insectes peuvent véhiculer certains dangers qui doivent être maîtrisés par la fixation de normes spécifiques afin de réduire les risques potentiels liés à la consommation de ces produits.
Ces dangers sont principalement liés :

  • à des substances chimiques (venins, facteurs antinutritionnels, médicaments vétérinaires utilisés dans les élevages d’insectes, pesticides ou polluants organiques présents dans l’environnement ou l’alimentation des insectes, etc.).
  • à des agents physiques (parties dures de l’insecte comme le dard, le rostre, etc.).
  • à des allergènes communs à l’ensemble des arthropodes (acariens, crustacés, mollusques, etc.).
  • à des parasites, des virus, des bactéries et leurs toxines ou encore des champignons.
  • aux conditions d’élevage et de production, pour lesquelles il conviendrait de définir un encadrement spécifique permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires.

Par ailleurs, de manière générale, comme pour les autres aliments d’origine animale ou végétale, les insectes comestibles peuvent devenir, suite à une conservation non adaptée, impropres à la consommation humaine.
Le travail d’expertise de l’Agence souligne le besoin de recherches complémentaires pour mener une évaluation complète des risques sanitaires liés à la consommation des insectes. Par ailleurs, le développement de telles filières de production d’insectes, depuis l’élevage jusqu’à l’abattage, doit amener à se poser la question du bien-être animal, celui-ci ayant été jusqu’à présent très peu exploré chez la plupart des invertébrés.

Les recommandations de l’Anses

Dans ce contexte d’incertitude et de manque de données, l’Agence recommande :

  • d’accentuer l’effort de recherche sur les sources de dangers potentielles ;
  • d’établir, au niveau communautaire, des listes positives et négatives des différentes espèces et stades de développement d’insectes pouvant ou non être consommés ;
  • d’explorer la question du bien-être animal pour ces catégories d’invertébrés ;
  • de définir un encadrement spécifique des conditions d’élevage et de production des insectes et de leurs produits permettant de garantir la maîtrise des risques sanitaires ;
  • de fixer des mesures de prévention du risque allergique, à la fois pour les consommateurs et en milieu professionnel.

En attendant la mise en place de normes spécifiques et d’un encadrement adapté, l’Anses recommande la prudence aux consommateurs présentant des prédispositions aux allergies. En effet, les insectes et de nombreux arthropodes (acariens, crustacés, mollusques, etc.) possèdent des allergènes communs.
Au-delà des enjeux d’expertise spécifiquement associés aux questions d’évaluation des risques sanitaires et des bénéfices nutritionnels relatifs à la consommation des insectes, l’Anses souligne les forts enjeux de connaissances portant sur l’acceptabilité sociétale de ces nouvelles consommations ou encore sur les enjeux de développement et d’impact environnementaux qui y sont associés.

Source : Anses 

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