Le 5 juillet, l’association des journalistes de l’environnement organisait une journée consacrée à l’adaptation de la métropole française à un réchauffement prévu de +4°C d’ici la fin du siècle. Les experts se sont notamment demandé comment assurer le confort d’été dans les bâtiments futurs.
Comment bien isoler nos bâtiments pour ne pas étouffer l’été ? Voici l’une des questions posées par l’association des journalistes de l’environnement (AJE) lors du colloque « Quand la métropole se réchauffe de +4°C » à l’Académie du Climat à Paris, le 5 juillet 2023. Cette question méritait d’être explorée alors que le Haut Conseil pour le climat invite à préparer l’adaptation à un réchauffement de +4°C en France d’ici la fin du siècle. Et ce, alors que le gouvernement retiendra cette trajectoire dans son prochain plan national d’adaptation au changement climatique.
En particulier, depuis 2000, les vagues de chaleur apparaissent déjà cinq fois plus fréquentes qu’avant 1989, partage Météo-France. Leur fréquence devrait encore doubler d’ici 2050. Les nuits tropicales et les phénomènes d’îlot de chaleur urbain sont aussi appelés à s’amplifier. Alors, la question du confort d’été s’est imposée dans les constructions neuves et trace sa route dans la rénovation.
Le confort d’été via les degrés-heures dans la construction neuve
La réglementation environnementale RE 2020 applicable à la construction de bâtiments neufs aborde le sujet du confort d’été via les degrés-heures (DH). Cet indicateur conjugue deux facteurs : l’éloignement à la température de confort et la durée de ce dépassement. Avec une température de confort de 26°C par exemple, qu’il fasse 30°C pendant deux heures ou 34°C pendant une heure, les occupants connaîtront un inconfort thermique de 8 DH. « Le postulat de la RE 2020 est que 8°C pendant une heure est aussi inconfortable que 4°C pendant deux heures », indique Christophe Rodriguez, directeur général de l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (IFPEB).
Sous la barre des 350 DH, la RE2020 considère le bâtiment comme « confortable », même en période caniculaire, sans système de refroidissement complémentaire. Entre 350 DH et 1250 DH, l’inconfort est qualifié de « tolérable », mais « il y a un risque de climatisation sauvage », mentionne Christophe Rodriguez. Au-delà de 1 250 DH, le bâtiment n’est pas conforme et ne pourra pas être construit. Christophe Rodriguez précise : « La RE 2020 va inciter avant tout à travailler sur la conception architecturale des bâtiments pour aller vers un traitement passif du sujet du confort d’été. Elle va valoriser la conception bioclimatique, l’orientation du bâtiment, les surfaces de vitrage, les occultations, les protections solaires. »
Pour Guillaume Dolques, chef de projet « Adaptation au changement climatique » à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), le scénario utilisé pour les simulations, basé sur la canicule de 2003, pose toutefois les limites de l’exercice. L’expert souligne l’importance de définir un référentiel commun pour projeter les bâtiments dans le climat futur, avec des canicules plus intenses et plus longues. « Tant que l’on se base sur ces chroniques du passé, on ne fait que construire des bâtiments qui seront inhabitables demain », alerte-t-t-il. Christophe Rodriguez ajoute d’autres limites de la RE 2020 qui ne prend pas en compte les toitures et façades végétalisées, ni la présence de l’eau, ni même d’îlots de fraîcheur, dans le calcul du confort d’été.
Et dans la rénovation performante ?
L’Union sociale pour l’habitat (USH) est l’organisation représentative du secteur HLM qui représente 593 organismes HLM à travers cinq fédérations. Ses membres gèrent un parc de 4,8 millions de logements, assurent entre 150 000 et 200 000 rénovations qui intègrent de la performance énergétique. Parmi elles, environ 100 000 apportent des sauts de classe de performance énergétique et environ 25 000 permettent d’arriver à la performance A ou B.
L’USH s’intéresse de plus en plus à la question du confort d’été en rénovation. Elle prend notamment part au projet RITE (Risque d’Inconfort Thermique), lancé en 2020 par le Cerema. Celui-ci vise à évaluer les gains potentiels sur le confort d’été de plusieurs solutions en catalogue au niveau des logements. « Le but est d’enrichir le catalogue d’actions disponibles et d’affiner les modèles de climat et les échéances auxquelles on souhaite travailler », prévient Rémy Vasseur, responsable de département Énergie et Bas carbone de l’USH.
L’organisme prend aussi part au projet Renoptim, lancé en 2022 et piloté par le CSTB. L’objectif est ici, au niveau patrimonial, d’évaluer la probabilité d’apparition d’une situation d’inconfort à échéance 2050, suivant différents scénarios climatiques. Le projet vise également à mettre en œuvre des solutions portées par des industriels. Des tests sont en cours sur les types de végétalisation, sur le rafraîchissement d’air par évaporation et sur les occultants automatiques.
Pour assurer un confort d’été à la hauteur du défi, « on parle de quelques millions d’euros », partage Guillaume Dolques. « Mais ce sont ces quelques millions qui permettront que les grands milliards de la transition soient bien dépensés et adaptés au changement climatique », prévient-il. Cet investissement vaudrait effectivement le coup alors que les besoins financiers additionnels pour atteindre les objectifs de rénovation énergétique sur la prochaine décennie ont été évalués par I4CE à 13,7 milliards d’euros par an.
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