Depuis plusieurs années, l’agence spatiale européenne, l’Esa, développe le concept de village lunaire: « J’ai l’intention de construire une base permanente sur la Lune: ce sera une station ouverte pour différents Etats participants, des pays des quatre coins du monde, » explique ainsi le directeur général de l’ESA, Jan Wörner. Et depuis quelques mois, ce projet prend forme de diverses manières. Que ce soit par des avancées technologiques ou par des pourparlers plus ou moins poussés comme ceux que la Chine a eu à la fin du mois d’avril avec l’Esa.
Comment habiter la Lune ?
Parmi les questions qui se posent pour coloniser la Lune, celle de l’habitat est l’une des premières bien sûr. Si la communauté scientifique et technique du monde entier rivalise d’inventivité et de créativité pour mettre au point un habitat immédiatement opérationnel à l’arrivée (modules gonflables, lander transformable, habitations pliables etc.), il est peu probable que l’on puisse facilement emmener des tonnes de matériaux pour construire sur place. Alors des chercheurs européens, dans le cadre du projet RegoLight financé par Horizon 2020 s’intéressent à la manière dont on pourrait fabriquer des briques pour construire de nouveaux édifices in situ. Ils en sont à la preuve du concept avec les premières pièces fabriquées à partir d’une imitation de poussières de Lune.
Poussière tu étais, brique tu seras !
Les briques ont été fabriquées à partir de poussières de roches volcaniques terrestres simulant la taille des grains et la composition de la poussière lunaire. Sur une table d’impression 3D à laquelle est couplée un four solaire, de fines couches du matériau de 0,1 mm sont cuites à 1000°C jusqu’à obtenir la forme désirée.
Le four utilisé a été celui du DLR, le centre aérospatial allemand à Cologne qui est composé de 147 miroirs incurvés qui concentre la lumière du soleil. En cas d’absence de soleil, celui-ci a été simulé par une batterie de lampes à xénon (comme on en trouve sur les projecteurs de cinéma). Une brique de 20x10x3 cm est construite en 5 heures. Les briques ainsi créées dont dures comme du gypse, elles vont à présent être soumises à plusieurs tests de résistance mécanique.
Des tests en conditions spatiales
Ces premières briques ont été fabriquées en conditions atmosphériques terrestres, mais le projet européen RegoLight va plus loin. L’opération doit maintenant être reproduite dans des conditions lunaires : sous vide et avec des températures extrêmes. En outre, le projet se penche aussi sur l’utilisation de ces briques en cherchant quelle forme est la plus adéquate pour construire facilement des édifices à partir de la brique de base. Le projet a testé plus de treize formes en partant d’une base pyramidale.
Ces travaux sont dans la continuité de ceux du projet “lunar 3D printing project” qui visait à imprimer en 3D des structures complètes mais qui devait encore faire face à plusieurs inconvénients techniques comme par exemple la nécessité d’ajouter des sels pour servir de liant. Cette fois, la principale source d’énergie et le matériau sont uniquement lunaire.
Par Sophie Hoguin
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