Equipé de ses vêtements thermiques (cf. photo), Maurice Paquet peut chasser par grand froid, résistant à des températures de -10°C en statique et -20°C avec une activité physique moyenne. S’il peut atteindre un tel niveau thermique, c’est grâce à l’utilisation de nanomatériaux. L’histoire de Pamotex a débuté il y a cinq ans, alors que Maurice Paquet s’est retrouvé « sur la touche » à 55 ans. Après une carrière dans le textile, il a souhaité poursuivre dans ce secteur et s’est mis à la recherche d’un produit nécessitant une mise au point technologique et intéressant pour le marché. C’est en Asie qu’il a trouvé ce qu’il lui fallait : les nanocéramiques de dioxyde de zirconium. Grâce à un concours de circonstance, il a réussi à homogénéiser le mélange des nanoparticules dans le polymère, inventant ainsi la technologie Zargun. Celle-ci forme une barrière aux infrarouges que le cœur humain émet, permettant de stocker une partie de la chaleur, l’autre étant renvoyée sur le corps avec comme conséquences l’augmentation du niveau thermique sous-cutané et l’accélération du flux sanguin.
Pour mener à bien son projet, Maurice Paquet s’est rapproché de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), qui a réalisé gratuitement les tests validant l’efficacité de son produit. « L’IFTH m’a alerté sur les dangers liés aux nanotechnologies », explique-t-il. Le principal risque est lié au relargage lors de la teinte et des lavages. « Après 50 lavages, aucune déperdition n’a été constatée. Par ailleurs, le zirconium n’est pas nocif, il est utilisé depuis longtemps dans des bijoux. »
Applications médicales
En parallèle, Maurice Paquet a cherché à constituer un consortium avec d’autres acteurs du textile, mais sans succès. Ses partenaires industriels ont jugé trop onéreux les tests pour valider l’aspect thermique au niveau médical.Pour les aspects juridiques, la Chambre de commerce et d’industrie de la Loire l’a rapproché d’un spécialiste des brevets. « Il ne m’a pas conseillé de déposer un brevet car il aurait permis au fournisseur de maîtriser la technologie. Cela m’a aidé à négocier l’exclusivité pour l’Europe. »
Réalisant un chiffre d’affaires de 100.000 euros en 2009, Maurice Paquet commercialise ses textiles auprès d’industriels, et notamment grâce à un nouveau partenaire espagnol spécialiste du sport. Il a également créé une gamme propre vendue directement aux particuliers. « J’ai mis en avant l’aspect nano dans un premier temps. Maintenant j’en parle mais sans plus », témoigne-t-il.A 61 ans, Maurice Paquet cherche un repreneur pour exploiter la ligne de produits en direct avec les particuliers, mais il n’est pas pressé d’aller à la retraite. D’après lui, le Zargun promet bien plus que des propriétés thermiques pour sportifs ou professionnels. « Il existe des applications médicales et paramédicales, notamment contre l’arthrose ou les problèmes d’équilibre postural. Mais les tests coûtent très chers. » En continuel testeur, il s’est fabriqué des genouillères qui le soulagent complètement de son arthrose.
Corentine Gasquet
Site
www.zargun.frwww.ifth.org
Sommaire du Cahier Nanotechnologies> Bases documentaires
- Aspects sécurité des nanomatériaux et nanoparticules manufacturés
- Régulation juridique et nanosciences
- Les nanotechnologies et le droit des brevets d’invention
> Comprendre
- « Il faut assurer la diffusion des nanotechnologies dans le tissu industriel » (Vincent Pessey – Alcimed)
- Nanotechnologies et médecine : une révolution annoncée
- La giga capacité de la nanoélectronique
- Vers le développement de nouvelles fonctions pour les matériaux
> Evaluer
- « En matière de nanocomposites, les verrous ne sont pas que technologiques » (Jean-François Hochepied – SCPI)
- « Il faut cesser d’ériger en nécessité l’objectif aveugle de garder notre rang » (Gérard Toulouse)
- Nanotechnologies : les entreprises face au risque de réputation
- Nanomatériaux : l’Afsset recommande la prudence
- Nouveau rapport d’Ambassade : les nanotechnologies dans les pays nordiques
> In situ
- Le casse-tête de l’encadrement juridique des nanotechnologies
- Comment Pamotex s’est lancé dans les nano
> Produits
- Un ciment plus respectueux de l’environnement
- Un composite né du recyclage de peintures en poudre
- 1.500 étiquettes RFID sur chaque Airbus A350 XWB
Cet article se trouve dans le dossier :
Nanotechnologies : quelles promesses, quelles réalités ?
- « En matière de nanocomposites, les verrous ne sont pas que technologiques »
- Un composite né du recyclage de peintures en poudre
- « Il faut assurer la diffusion des nanotechnologies dans le tissu industriel »
- La giga capacité de la nanoélectronique
- Vers le développement de nouvelles fonctions pour les matériaux
- Nouveau rapport d'Ambassade : les nanotechnologies dans les pays nordiques
- « Dans la recherche, les nanotechnologies se diffusent dans tous les segments »
- Régulation juridique et nanosciences
- Nanomatériaux : l’Afsset recommande la prudence
- Nanotechnologies : les entreprises face au risque de réputation
- Aspects sécurité des nanomatériaux et nanoparticules manufacturés
- Nanotechnologies et médecine : une révolution annoncée