Une étude récente a conclu que même si le cerveau humain peut faire la distinction entre des millions de couleurs, il a des difficultés notables à se souvenir des nuances spécifiques.
Par exemple, la plupart des gens peuvent facilement faire la différence entre l’azur, le marine et l’outremer. Mais quand on demande à ces sujets de se rappeler ces nuances, ils ont tendance à toutes les catégoriser dans la « catégorie des bleus ».
Cette tendance au regroupement explique pourquoi il est si difficile de compter uniquement sur sa mémoire visuelle quand on va acheter de la peinture pour repeindre un mur chez soi.
« De nombreuses cultures ont les mêmes catégories de couleurs et les mêmes mots pour ces couleurs », nous explique Jonathan Flombaum, chercheur en psychologie cognitive. « On débat d’ailleurs beaucoup sur la catégorisation universelle de ces couleurs et de son influence sur la perception que les gens ont des couleurs. »
Trouver les limites perçues entre les couleurs
Au cours de leur étude, Flombaum et ses collègues ont mené quatre expériences sur quatre différents groupes de personnes.
- Dans la première expérience, ils ont demandé aux gens de regarder une roue de couleur composée de 180 teintes différentes. On leur a ensuite demandé de trouver le « meilleur exemple » pour chaque couleur. L’exercice a été conçu pour « trouver les limites perçues entre les couleurs », selon les chercheurs.
- Dans une seconde expérience, les scientifiques ont montré à différentes personnes les mêmes couleurs, mais cette fois ils leur ont demandé de trouver le « meilleur exemple » pour chaque couleur générique.
- Lors d’une troisième expérience, les chercheurs ont montré à différentes personnes des cartes de couleur en demandant aux participants de montrer sur la « roue des couleurs » la couleur correspondante, de mémoire.
- Cette troisième expérience a donné lieu à la quatrième et dernière expérience. Les participants sont appelés à renouveler la troisième expérience, avec un délai supplémentaire de 90 millisecondes pour choisir la couleur correspondante sur la roue.
Les résultats ont révélé que la catégorisation des couleurs a un effet important dans la façon dont les gens identifient et se souviennent des couleurs.
Les participants appelés à nommer les couleurs sur la roue on trouvé 5 teintes différentes : bleu, jaune, rose, violet et vert.
« La plupart des couleurs ont été étiquetées uniformément par les participants, sauf certaines qu’on qualifiera d’« ambiguës ». Par exemple le vert et le bleu. Les zones où les réponses deviennent partagées sont les frontières entre les couleurs », précise Flombaum. « En outre, l’expérience a révélé que les participants avaient une tendance à choisir les mêmes teintes pour exprimer le « meilleur exemple » de couleur ».
Mais c’est l’expérience impliquant la mémoire visuelle qui a le plus stupéfié les chercheurs. Ces derniers prévoyaient une typologie de résultat qui, selon les chercheurs, « ferait une gentille courbe en cloche avec la bonne couleur eu sommet. Pas du tout. A la place, les résultats tendaient vers le « meilleur exemple » de la couleur » qu’ils avaient vu, pas vers la vraie couleur.
Le cerveau a tendance à aller « à l’essentiel »
Tous ces résultats suggèrent que notre cerveau se souvient des couleurs sous forme de catégories distinctes d’une part, et d’un continuum de nuances d’une autre part. Ensuite, un processus neuronal combine ces représentations pour produire un souvenir. Il pourrait y avoir plusieurs raisons à cela, mais la plus probable, comme souvent, reste l’efficacité : « La plupart du temps, ce qui nous préoccupe est simplement la catégorie de la couleur », résume Flombaum.
Cette tendance de notre cerveau à stocker des souvenirs par catégories ne concerne pas que la simple vision des couleurs. « En général, nous avons tendance à nous souvenir des choses d’une façon qui correspond d’une certaine manière à nos attentes, au détriment de la chose réelle », conclut Flombaum.
Traduit par S.Luc
Source : livescience
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