Selon l’Ademe, Linky et ses possibilités de communication seraient un atout pour économiser l’énergie, un thème d’actualité s’il en est. «Nous avons signé un accord avec ErDF pour accompagner le déploiement de ce compteur, confie Martin Régner, ingénieur Réseaux Electriques Intelligents à l’Ademe. Le but est de sensibiliser les particuliers et les collectivités locales à la maîtrise de la consommation électrique.» Toujours selon l’Ademe, les économies réalisées sur l’ensemble du réseau électrique pourraient se compter en milliards de kilowatts-heure (kWh) par an.
En pratique, délivrer une information plus régulière sur la consommation serait un premier moyen de sensibilisation, d’après les conclusions d’une étude menée par deux chercheurs du CNRS, à l’université de Nice Sophia Antipolis. Cette étude, commencée en 2012, a concerné une centaine de ménages volontaires dans les Alpes Maritimes, certains étant équipés d’outils de mesure de leur consommation électrique, d’autres non. Elle a indiqué entre autres que «la consommation électrique des groupes équipés (…) s’est révélée 23% moins élevée que la consommation initiale», selon le communiqué du CNRS.
Dans le cas de Linky, le relevé n’est plus effectué manuellement tous les 6 mois comme aujourd’hui. L’index de consommation du logement est transmis chaque nuit via CPL (courant porteur en ligne) à un concentrateur hébergé dans le poste de transformation électrique le plus proche. Ces données sont ensuite récupérées par le système d’information d’ErDF, puis accessibles sur un portail Internet, moyennant création d’un compte individuel. «L’historique permet un lecture journalière, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle de la consommation électrique, précise Martin Régner de l’Ademe. Après souscription à un service gratuit, on obtient même des courbes de charge, c’est-à-dire la consommation par tranche de 10, 30 ou 60 minutes.» L’incitation à diminuer cette consommation s’en trouverait donc renforcée.
Donner la possibilité d’agir
Linky offre toujours la possibilité d’agir en partie sur cette consommation. «Il est équipé d’un contact sec à la manière du compteur bleu actuel, explique Martin Régner, et peut actionner l’interrupteur lié au ballon d’eau chaude en fonction de l’indice tarifaire du fournisseur d’énergie : heure creuse, heure pleine, voire heure de pointe.» La nouveauté, ce sont les 8 contacts virtuels supplémentaires à destination de ces mêmes fournisseurs. «Beaucoup d’entre eux nous demandaient de pouvoir gérer la mise en route et l’extinction d’autres appareils électriques, tels que les bornes de recharge de véhicules électriques» note Gladys Larose, en charge des relations externes au sein du projet Linky.
Dans le même ordre d’idée, Smart Electric Lyon et l’Ignes (Industries du Génie Numérique, Energétique et Sécuritaire) ont développé un émetteur radio qui se greffe à Linky et communique via Zigbee et KNX. Ce sont deux protocoles très répandus sur le marché de la domotique, il est vrai, mais la domotique elle-même est loin d’avoir conquis toutes les habitations. Quoi qu’il en soit, la mesure de la consommation électrique instantanée et la modulation du fonctionnement des appareils électriques en fonction du tarif font partie des applications.
Autre possibilité envisagée dans ce projet : l’effacement, c’est-à-dire l’arrêt de l’appareil en question afin de diminuer la quantité d’énergie ponctionnée sur le réseau électrique. L’enjeu consiste à réduire la demande pour l’adapter à l’offre, l’énergie électrique ne pouvant être stockée, et ainsi éviter de mettre en service des sites électrogènes parfois polluants, comme les centrales à charbon. La société Voltalis s’est positionnée sur ce marché il y a 8 ans et équipe gratuitement – elle se rémunère auprès de Réseau de Transport d’Electricité (RTE) – quelque 100 000 foyers qui ont en fait la demande. Son boîtier, posé dans le tableau électrique, interrompt de façon automatisée et temporaire le chauffage électrique et la production d’eau chaude quand le réseau est en déséquilibre. «C’est un modulation qui ne dure que quelques minutes, commente Arthur de Choulot, représentant de Voltalis. Il n’est pas question d’engendrer de l’inconfort chez nos adhérents.»
Par Frédéric Monflier
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