Depuis le début de la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19, l’industrie a dû s’adapter pour éviter que les unités de production ne se retrouvent à l’arrêt. Au fil des derniers mois, les principes de l’industrie 4.0, ou industrie du futur, ont permis aux entreprises concernées de réinventer leurs pratiques. À l’occasion de la première journée du Sommet 4.0 organisé par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et l’Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP), différents acteurs de l’industrie ont questionné les apports de la digitalisation pour les entreprises au cours de ces derniers mois.
« L’expérience du premier confinement nous montre que le digital est un véritable levier permettant aux industriels d’adapter leurs modèles et leurs pratiques », se félicite Marie-Hélène Lebranchu, déléguée générale de l’UIMM de l’Ain. « Le digital et le 4.0 peuvent permettre de maintenir et de renforcer la place de notre tissu industriel dans le paysage mondial » ajoute-t-elle. En clair, en plus d’être un moyen de résister dans un contexte hostile, le 4.0 renforcerait la compétitivité de l’industrie française sur la scène internationale.
Le télétravail, symbole de l’industrie du futur
Arrivé de manière brutale dès mars dernier dans les entreprises, le télétravail a été au cours des derniers mois l’une des principales portes d’entrée de l’industrie du futur dans les unités de production. Pour Philippe Darmayan, président de l’UIMM et président d’ArcelorMittal France, l’arrivée du travail à distance a eu un caractère ambivalent. Ce dernier estime que « le télétravail a été à la fois la meilleure et la pire des choses ». Selon lui, le télétravail est bénéfique seulement si l’entreprise y a recours dans un contexte de confiance à l’égard de ses salariés, et non en vue de faire « des économies de mètres carrés ».
Ainsi, la tendance veut que le numérique se substitue progressivement aux migrations quotidiennes des travailleurs. « Les flux numériques ont remplacé la mobilité physique des personnes », souligne Thomas Reverdy, maître de conférences en Sociologie Industrielle à Grenoble INP. Il note par ailleurs que le travail à distance a été largement accepté par les salariés. Ce dernier affirme également que la crise a permis de réaffirmer la capacité de pilotage à distance. Ainsi, la création de jumeaux numériques a permis de réduire le fort besoin en main-d’œuvre sur site. Cela est notamment le cas pour la surveillance des procédés automatisés, qui demande généralement une supervision humaine forte.
900 millions d’euros pour l’industrie 4.0
Dans un message préenregistré, Agnès Pannier-Runacher a rappelé que l’État profite du contexte troublé pour soutenir l’industrie du futur. La ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie chargée de l’Industrie a souligné qu’il était urgent que la France rattrape son retard sur ses concurrents étrangers. « Notre industrie reste sous-équipée en robots. On y recense 154 robots pour 10 000 employés, soit deux fois moins qu’en Allemagne et cinq fois moins qu’en Corée. La crise que nous traversons ne fait que renforcer l’urgence de la modernisation de notre appareil productif », déclare-t-elle.
C’est pourquoi le plan de relance prévoit des mesures concrètes à l’attention directe de toutes les entreprises. « France Relance prévoit 900 millions d’euros pour la modernisation des PME et des ETI », indique Agnès Pannier-Runacher. Elle ajoute que 10 000 diagnostics numériques seront financés d’ici fin 2022. Les subventions pour l’investissement dans des équipements plus modernes devraient quant à eux être prolongés durant les prochaines années. La ministre espère ainsi que ces apports fassent augmenter de 30 % la compétitivité de l’industrie française. L’objectif non dissimulé de l’exécutif est qu’il y ait des créations et des relocalisations d’activités sur le territoire national.
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