Pour diviser par un facteur 4 les émissions nationales de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à leur niveau de 1990 d’ici 2050, les budgets carbone figurant dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) supposent une baisse de 29 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports pour la période 2024-2028 par rapport à 2013. À l’horizon 2050, l’objectif est de parvenir à une baisse d’au moins deux tiers.
Les émissions directes du secteur des transports – hors transport maritime et aérien – s’élevaient à 124 millions de tonnes de CO2 (MtCO2) en 2012, soit environ 24,9 % des émissions françaises. Le transport de marchandises représentait 21,9% de ce total. La route, incluant les marchandises et le transport de personnes, représentait près de 94,5% des émissions du secteur. Pour agir massivement sur les émissions de gaz à effet de serre, il faut donc agir sur les émissions liées au transport routier.
Favoriser les économies d’énergie ?
Le rapport « Projections de la demande de transport sur le long terme » explore deux projections pour 2050. La projection dite « tendancielle », correspond au prolongement des tendances observées au cours des dernières années. Elle suppose des améliorations limitées de gains énergétiques et logistiques (diminution des retours à vide, massification des flux). Elle est insuffisante pour limiter l’impact du transport de marchandises sur l’environnement. La deuxième, fixée par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) est plus ambitieuse. Elle retient une baisse importante des consommations des véhicules pour le transport routier de marchandises pour arriver à une consommation moyenne de 20,9 L/100 km en 2050, contre 26,6 L/100 km dans le cadrage tendanciel. Par ailleurs, elle prévoit l’augmentation du chargement moyen des poids lourds et le développement des autoroutes électriques permettant une alimentation électrique en circulation, par caténaire.
Quelles évolutions des émissions de CO2 ?
Dans leur ensemble, les émissions directes de CO2 liées au transport diminueraient de 20 % en 2030, par rapport à 2012, pour atteindre 99,2 MtCO2. Soit 9% de plus que les budgets carbone figurant dans la SNBC. À l’horizon 2050, la baisse atteindrait 30 % dans le cadrage tendanciel (86,3 MtCO2) et 62 % dans le cadrage SNBC (47,2 MtCO2). Si le scénario SNBC est compatible avec le facteur 4 sur l’ensemble des émissions françaises de gaz à effet de serre, le scénario tendanciel est insuffisant. L’atteinte des objectifs ne pourra donc se faire que « grâce à un renforcement important des politiques visant la baisse des consommations unitaires des véhicules, la diffusion de vecteurs énergétiques alternatifs, la maîtrise de la mobilité et le développement des modes alternatifs à la route », insiste l’organisme.
Dans le scénario SNBC, la plus forte baisse est liée à la circulation routière individuelle. Le passage de 68,9 MtCO2 en 2012 à 20,4 MtCO2 en 2050 est notamment rendu possible par la diminution des consommations individuelles des véhicules. Le recul des émissions liées au transport de marchandises est beaucoup plus faible. Elles baisseraient de 35% dans le scénario SNBC, mais augmenteraient de 13% en 2030 et de 27% en 2050 selon le scénario tendanciel. Dans le scénario SNBC, le transport de marchandises représenterait 37,5% des émissions directes du secteur des transports. Une part beaucoup plus importante qu’en 2012.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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