Décryptage

Combien de temps faut-il au cerveau pour passer « en mode conscient » ?

Posté le 24 juin 2015
par La rédaction
dans Innovations sectorielles

Pas la peine de vous faire languir, le cerveau n'a besoin que de 300 millisecondes. Comment le sait-on ? Parce que Stanislas Dehaene le dit. Ce docteur en psychologie cognitive et membre de l'académie des sciences a confié dans un entretien accordé à L'Express quelques secrets sur les mécanismes du cerveau.

Au cours de cet entretien, il dévoile entre autres choses les conditions d’entrée d’une image au cerveau. Plusieurs paramètres sont évoqués. Premièrement le temps d’affichage. S’il est inférieur à 50 millisecondes, l’être humain n’a pas conscience de l’avoir vue. L’image est subliminale. Il faut donc que l’oeil s’attarde au minimum 50 millisecondes pour que le cerveau l’enregistre de façon consciente. 

La deuxième chose est le traitement de l’information. Le cerveau est soumis constamment à un flot de signaux qu’il doit analyser, filtrer selon des critères propres à chaque individu (son histoire personnelle, l’intérêt ou l’objectif du moment). D’autres, sont universels: il s’agit par exemple des réflexes innés que tout individu possède. Dans l’interview, Stanislas Dehaene fait notamment référence à la réaction au bruit qui détourne automatiquement l’attention.

Dans un premier temps, toutes les images perçues sont subliminales. 

Ce n’est que par la suite, selon le traitement qu’en fait le cerveau, grosso modo si une image passe ou non dans le mode conscient, qu’elle dépasse ce statut. Dès que l’information arrive à la conscience, l’activité cérébrale s’amplifie considérablement à partir de 300 millisecondes. À ce moment, l’information circule dans de nombreuses régions du cerveau (ou plutôt l’envahit?). C’est ce que révèlent les clichés obtenus par le procédé d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Cette application permet d’enregistrer les variations cérébrales locales quand certaines zones sont stimulées. 

Une autre méthode pour mesurer l’onde qui se propage lorsqu’une personne prend conscience d’une information consiste à poser des électrodes sur le haut du crâne 

Le cerveau est incapable de faire deux choses en même temps

Comme l’explique le docteur Dehaene, le cerveau n’absorbe qu’une information à la fois et tant que son traitement est en cours, il ne peut en assimiler d’autres. Il compare ce mécanisme de réception et d’apprentissage du cerveau à des portes qui bloqueraient l’entrée de nouvelles données tant que la précédente n’a pas été traitée. Ce n’est pas une question d’intelligence, c’est juste que l’être humain ne peut se concentrer que sur une chose à la fois.

Le vieil adage qui dit que les femmes contrairement aux hommes peuvent réaliser deux tâches simultanément serait donc erroné ? À cela, il rétorque que ce n’est pas tout à fait exact car il faut compter sur les tâches répétées tellement souvent qu’elles deviennent automatiques. À la longue, il est possible par exemple de conduire et d’écouter de la musique ou de discuter en même temps. Ces activités sont réalisées de manière non conscientes et n’occupent donc pas entièrement le cerveau.

Le monde d’aujourd’hui sème-t-il des embûches à notre conscience ? L’environnement actuel, fait d’innombrables sollicitations (publicités, smartphones…), a de quoi perturber le cerveau, engendrer des pertes de temps, qui cumulées, ralentissent notre progression dans ce que nous nous fixons comme objectif. La difficulté réside alors dans le fait de rester opaque à ce genre de distractions au moment opportun tout en laissant la porte ouverte à d’autres car il est également prouvé que ces stimulations favorisent le développement cérébral. Comme quoi, même si ces sollicitations peuvent parfois être stressantes, elles s’avèrent finalement bénéfiques.

Par Sébastien Tribot

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