Le Clean Tech Open, compétition internationale pour jeunes entreprises innovantes du secteur des technologies propres, s'est tenu les 15 et 16 novembre derniers à San José (Californie). Devant un parterre d'investisseurs, c'est la crème des startups du monde entier qui a défilé pendant 2 jours, en pleine semaine mondiale de l'entrepreneuriat.
Origine du Clean Tech Open
Le Clean Tech Open est, comme il se définit depuis 2005, « l’Academy Awards des technologies propres ». Cet évènement se tenait dans une des capitales mondiales de l’innovation : San José, au coeur de la Silicon Valley. Le principe de l’Open est simple : décerner la palme de la meilleure startup dans le monde des cleantechs. En pratique ce n’est pas si simple car les sujets sont variés. Les technologies propres n’étant pas un secteur industriel en soi, la compétition a été décomposée en différents domaines industriels : transports, énergie intelligente, efficacité énergétique, « air, eau, déchets », bâtiments verts, et énergies renouvelables. Dans chaque secteur des vainqueurs sont nommés, avant de sélectionner un lauréat tous secteurs confondus.
La compétition était de plus divisée en deux sous-catégories :
- une catégorie nationale : la « Business Competition » pour les 21 sociétés/startups américaines choisies parmi les 300 dossiers reçus suite à un processus de sélection régional (groupe d’états) ;
-
une catégorie internationale : La « Global Ideas Competition » pour les 25 sociétés gagnantes de la compétition de leur pays ou de leur région d’origine. Le CleanTech Open n’est pas encore présent partout dans le monde et cherche à se développer. La compétition française a été organisée par le groupe Ecosys, et la remise des prix s’est tenue le 14 novembre dernier au Ministère de l’Écologie. Parmi 12 jeunes entreprises éco-innovantes lauréates des meilleurs concours et prix régionaux et nationaux, c’est Biométhodes (dirigée par Gilles Amsallem) qui a été sélectionnée pour représenter la France.
Toutes ces sociétés sont en compétition pour la gloire et la visibilité qu’un tel évènement peut apporter. Mais surtout certaines cherchent des investisseurs et des partenaires pour se développer. Les gagnants bénéficient d’ailleurs de dotations en services et en financement allant jusqu’à 250k$ pour le vainqueur du prix américain.
Que retenir de cet évènement ?
- La présence Française
L’hexagone était bien représenté à cet évènement international : parmi les 6 entreprises finalistes du Global Ideas Competition se trouvait Biométhodes, lauréate du chapitre français de l’Open. Une autre américaine, Resolute Marine Energy, était représentée par le français Olivier Ceberio, qui présentait des projets de désalinisation d’eau à l’aide d’énergie provenant de centrales houlomotrices. Au final, c’est la startup chilienne Biofiltro qui remporta la compétition internationale, avec ses unités de traitement des eaux usées à l’aide de vers de terre !
- Des exercices de présentation variés
Pendant ces deux jours, les startups auront pu présenter leurs projets de plusieurs manières :
– par le fameux elevator speech d’une minute très prisé des capitaux-risqueurs ;
– puis par une présentation de la technologie en 3 minutes ;
– enfin, par des présentations approfondies de 30 minutes comportant une session de questions/réponses.
Il était difficile pour les présentateurs de réussir parfaitement ces trois exercices, mais tout le monde s’y prêtait dans une ambiance à la fois dynamique et décontractée. Pour l’elevator speech, l’exercice peut être difficile : condenser en une minute le marché, la différenciation et donc les opportunités devant un public non expert dans la technologie n’est pas simple. L’aisance des intervenants américains dans ce domaine, où l’on pouvait les voir ajouter une note humoristique à un discours technique et commercial rodé, était flagrante, même si certains intervenants étrangers leur tenaient la dragée haute.
Au contraire, pendant les présentations de 30 minutes, le jury en apprenait suffisamment pour cerner les problèmes éventuels mais les candidats n’avaient pas suffisamment de temps pour argumenter leurs points de vue. Mais l’exercice est obligatoire pour qui veut aborder et convaincre les capitaux-risqueurs.
L’un des plus prestigieux dans le domaine des technologies propres, Khosla Ventures, était présent : Andrew G. Chang, tout nouveau partenaire, était venu pour faire la promotion du portfolio technologies propres de ce fonds et également pour donner ses recommandations aux entrepreneurs. La philosophie de Khosla Ventures pourrait se résumer à marier des technologies de rupture à des « rockets scientists », mais plus pratiquement, 6 critères sont pris en compte :
– une technologie en rupture ;
– de grands marchés ;
– un modèle financier innovant ;
– adaptatif aux flux de capitaux ;
– faisabilité de la mise sur le marché ;
– des entrepreneurs de premier rang.
Évidemment, remplir tous ces critères n’est pas évident et peu de startups y arrivent concrètement. Cette présentation se terminait sur une note d’optimisme : « Continuez à entreprendre car vous allez améliorer la société, l’économie et vous-même ». En effet, voir autant de startups venues concourir sur des sujets aussi variés permet d’espérer que ces technologies auront effectivement un impact positif sur la société.
- Une grande variété dans les sujets et technologies
L’innovation ne connaît pas la crise, et les idées présentées étaient aussi diverses qu’originales et concrètes. La liste complète est disponible sur le site Web de l’Open mais voici une petite sélection des nos préférées :
– Silicon Solar Solution, société commercialisant un procédé de cristallisation du silicium amorphe des panneaux solaires qui permet d’obtenir des grains 30 fois plus grands, plus rapidement et en utilisant une température deux fois plus faible. Le patron de cette jeune société était le « roi » de l’elevator speech ;
– Grid Test Systems fournit une valise de test aux installateurs et producteurs de bornes de recharge de voiture électrique. Cette valise permet d’homogénéiser cette procédure, d’avoir un rapport de test homologué tout en utilisant un outil fiable et performant ;
– Indow Windows propose une méthode permettant rapidement et économiquement d’ajouter une deuxième vitre sur une fenêtre déjà existante. La solution repose sur une mesure précise ainsi qu’un joint flexible assurant une isolation sonore et thermique. Cette solution d’une facilité déconcertante convient particulièrement bien au marché américain où le double vitrage n’est vraiment pas courant ;
– Me-Mover est un tricycle repliable destiné au transport urbain. Entre la trottinette et le step, l’énergie du conducteur est récupérée par un système de pédales minimisant les efforts ;
– Biométhodes a développé un procédé pour une exploitation durable de la biomasse végétale appliquée à la chimie renouvelable et aux biocarburants de seconde génération. Le procédé biochimique, baptisé OPTALYSIS, permet de fragmenter la biomasse non alimentaire pour en extraire séparément les composants à forte valeur ajoutée pour diverses applications (biocarburants, bioplastiques, fibres de carbone, colles…) ;
– Resolute Marine Energy propose un système simple, modulaire et compacte pour récupérer l’énergie des vagues pour la réutiliser directement pour la désalinisation, coupé du réseau. Ce système s’adresse notamment à la population n’ayant pas d’accès à l’eau potable (1,2 milliards de gens), alors qu’une grande partie de la population mondiale vit près des côtes. Cela en faisait un très intéressant projet avec un impact humanitaire énorme.
Au final, il est clair que l’éventail des sujets couverts par les différentes startups était extrêmement large. Le dynamisme des entrepreneurs venus de tous les pays était vraiment communicatif et donne à penser que nous allons voir fleurir beaucoup d’innovations dans les technologies propres dans les années à venir, et cela dans le monde entier. En attendant la prochaine édition, la recherche de la nouvelle grande idée peut continuer.
(Source : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/068/68403.htm)
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