Les catastrophes naturelles sont une cause d'effondrements matériel et psychologique pour beaucoup, mais également une source d'enrichissement pour d'autres. Thomas Copey, auteur de l'ouvrage "potentiel du sinistre", décrit avec brio cette activité qui consiste à spéculer sur ces cataclysmes qui nous touchent.
Jusqu’à présent, Chanard a mené la vie d’un ingénieur financier sans défauts, celle d’un employé compétent dans sa branche, porté par des valeurs de performance, d’excellence et d’innovation. Aussi, concevoir le schéma financier permettant de miser des capitaux sur les catastrophes naturelles ne lui semble pas extravagant.
Devoir attendre qu’un sinistre survienne pour démontrer la pertinence du schéma n’a en revanche rien de confortable. D’autant qu’il faut une catastrophe colossale, qui batte tous les records. Il faut le désastre du siècle…
La force et la subtilité de ce roman résident dans la restitution d’un discours.
L’auteur démonte avec brio quelques concepts chers au management.
Il s’empare de toute une phraséologie d’entreprise, montrant sa froideur rationnelle et sa logique implacable aussi bien que sa propension à déborder du champ professionnel pour imprégner jusqu’à la vie intime des aspirants à la réussite.
Commentaire de l’auteur, Thomas Copey : » Il y a ce mot, FINANCE, ses enjeux impénétrables : en surface, les faillites spectaculaires de banques réputées, les chutes bruyantes de traders mégalomanes. Parfois des chiffres, les transactions faramineuses, chaque jour, de plusieurs milliers de milliards de dollars. Il y a cet autre mot, management, et ce n’est plus de la confusion, mais une sorte d’anxiété que l’on peut éprouver à voir ses techniques inspirées de l’armée imprégner des champs de l’espace social toujours plus étendus, l’école, l’hôpital, l’entreprise, la politique, la famille. Et sous couvert de perfectionnement de l’entreprise ou de l’institution, des formes de contrôle plus efficaces parce que moins visibles.
Alors, au croisement de ces deux motifs, et de leur langage singulier, j’ai trouvé un individu. Un ingénieur financier compétent dans sa branche, de ceux qui mettent au point les moyens d’échanger les milliards abstraits. Pour lui, concevoir le schéma financier qui devrait permettre de miser les capitaux sur les catastrophes naturelles ne semble pas anormal.
Potentiel du sinistre est l’histoire d’une ambition raisonnable. J’ai cherché à comprendre comment celui qui se rêvait archétype se retrouve sur la voie d’une singularité qu’il ne parvient pas à concilier avec les sphères managées de sa vie. Comment un cadre choyé, citoyen responsable, finit par s’éloigner de la norme qu’il avait toujours embrassée avec enthousiasme et ne plus répondre aux attentes de son épouse, de sa jeune fille, de ses chefs. Combien, alors que les choix explicites de parcours semblaient évidents et sereins, il est difficile d’accepter que la rupture survienne, et presque autant, de comprendre pourquoi. Quelle place pour le renoncement, et qu’arrive-t-il quand on renonce ? «
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