On le sait : les aérosols émis par l’industrie chinoise et par la combustion des énergies fossiles et de la biomasse, diminuent l’ensoleillement dans de grandes parties de la Chine. L’Université de Princeton est allée plus loin. Selon sa nouvelle étude, la pollution de l’air empêche entre 20% et 25% de la lumière d’atteindre les panneaux solaires chaque année dans les régions les plus polluées du nord et de l’est du pays.
En combinant leur modèle de performance solaire avec des données satellites de la NASA, les chercheurs calculent une production en baisse jusqu’à 1,5 kilowattheure par mètre carré par jour en hiver. C’est une réduction du potentiel de production d’électricité solaire de 35%. Un effet comparable à celui des nuages. «Cela suffit pour alimenter un aspirateur pendant une heure, laver 5 kg de linge ou travailler sur un ordinateur portable pendant cinq à 10 heures», préviennent les auteurs.
Les chercheurs ont fait une autre découverte. Les aérosols diminuent encore davantage la production d’électricité des panneaux équipés d’un tracker solaire qui permet de suivre la course du soleil. A l’est de la Chine, la baisse y est de 21% pour les systèmes fixes à angle optimal, là où elle est de 34% pour les systèmes de suivi à deux axes.
Combattre la pollution pour produire plus
Cette découverte est riche d’enseignements pour l’ensemble des pays en développement à forte pollution atmopshérique qui misent sur un développement important de l’énergie solaire. Outre des effets sanitaires bénéfiques certains, la lutte contre l’émission d’aérosols bénéficiera d’une rétroaction positive. La bonne nouvelle est qu’en plus de réduire la dépendance aux combustiles fossiles et les émissions liées, l’augmentation des capacités solaires entraînera aussi une hausse de la production des panneaux déjà installés.
Les chercheurs estiment que cette découverte incite les pays à prioriser les nouvelles centrales dans des zones reculées où la qualité de l’air est meilleure. Chaque pays pourra ainsi évaluer, au cas par cas, les coûts de transport de l’électricité à partir des régions les moins polluées pour alimenter en courant les plus polluées. Et voir si la production supplémentaire rentabilise ces délocalisations. L’Université de Princeton va désormais étendre ses analyses à d’autres régions du monde, à commencer par l’Inde. Elle examinera aussi si les polluants réduisent la production d’électricité en salissant la surface même des panneaux photovoltaïques.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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