Les autorités chinoises ont donné cette semaine le feu vert au rapprochement de deux grands groupes nationaux pour créer le premier électricien mondial. A forte dominante charbon, ce mastodonte dénommé China Energy Investment Corporation dépassera EDF en termes de capacité installée. Pékin confirme ainsi sa volonté de rationalisation du secteur énergétique, pour s’attaquer ensuite aux marchés internationaux.
Un capital de 230 Mds €
Le gouvernement chinois, par le biais de l’Assets Supervision and Administration Commission, a approuvé la fusion de Shenhua Group Corp, le premier groupe charbonnier du pays, avec China Guodian Corp, l’un des principaux électriciens du pays. Le nouvel ensemble, nommé China Energy Investment Corp, pèsera 230 Mds€ et contrôlera 225 GW de capacités installées, ce qui le propulse au rang de premier électricien mondial devant EDF et l’italien Enel.
Différence de taille avec l’opérateur tricolore, le mix électrique du nouveau groupe chinois est très carboné: 77% de charbon (voir graphique ci-dessous). C’est en partie l’une des raisons du rapprochement avec la China Guodian Corp qui grâce à ses installations renouvelables, verdit un peu les actifs de Shenhua, dépendant à 90% de la houille avant la fusion. L’association des deux compagnies doit créer un groupe capable de virer vers les énergies décarbonées et financièrement assez solide pour supporter cette mutation.
Rationalisation
Cette opération s’inscrit également dans une politique de rationalisation assumée de la part de Beijing, qui a annoncé en juillet son intention de transformer les grands électriciens publics en Société à responsabilité limitée (SARL) d’ici la fin de l’année, indique CNBC. Plus généralement, le gouvernement chinois attend un effort desdits groupes pour améliorer leur fonctionnement avec l’ambition claire d’en faire des champions internationaux.
Un électricien chinois a d’ailleurs déjà mis un premier pied en Europe, au Royaume-Uni précisément. La China General Nuclear Power Corporation (CGN) a remporté en 2015, aux côtés d’EDF, le contrat d’Hinkley Point qui prévoit la construction non pas d’un, mais de plusieurs réacteurs EPR. Si l’électricien français est majoritaire sur Hinkley Point C, le partenariat prévoit que CGN mène à son tour les projets de Sizewell et Bradwell. EDF minoritaire doit lui permettre de faire certifier son réacteur de grande puissance (HPR1000). Ce dernier est issu du transfert de technologie franco-chinois du réacteur de Framatome à eau pressurisée de 900 MW. Dans cette optique, la Chine avait lancé une nouvelle compagnie, la General Nuclear International (GNI), pour promouvoir et vendre les modèles de la filière nucléaire chinoise à l’exportation.
A noter que les mêmes rumeurs de concentration agitent également le secteur européen de l’énergie. Certains observateurs s’attendent à une nouvelle série de fusions/acquisitions sur le Vieux continent dans les prochains mois. La naissance de la China Energy Investment Corporation ne risque pas de les en dissuader…
Romain Chicheportiche
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