Invoquant la protection de l’environnement et la santé de ses ressortissants, la Chine a annoncé le 18 juillet 2017 à l’OMC qu’elle interdirait l’importation de certains déchets d’ici la fin de l’année 2017. Sont notamment concernés 8 familles de déchets plastiques, les papiers en mélange, les matières textiles et les déchets provenant de la fabrication du fer ou de l’acier. Les licences d’importations des usines chinoises seront limitées, voire supprimées. Et les usines qui ne respectent pas les normes environnementales seront définitivement fermées. Tout aussi bien que celles qui ne respectent pas ces nouvelles directives, menace le gouvernement chinois.
La Chine accepte encore ces déchets jusqu’à fin octobre. Les problèmes vont donc s’observer en novembre et décembre. «Si la Chine n’accepte vraiment plus ces déchets, on va avoir de gros problèmes, car on n’a pas les infrastructures nécessaires actuellement pour les traiter», assure Christophe Viant, Président de Federec Plastiques, le syndicat professionnel des entreprises du recyclage. Dans un premier temps, les stocks vont augmenter dans les usines qui ne pourront plus exporter leurs matériaux. Mais il va falloir rapidement trouver une solution, car les centres de tri n’auront pas les capacités de stockage suffisantes sur le moyen-terme. En effet, à ce jour, aucune usine mondiale n’a la capacité de traiter ces volumes aujourd’hui importés par la Chine.
Plus que des plastiques de très bonne qualité ?
9 millions de tonnes de plastiques sont concernées par cette interdiction chinoise pour l’ensemble des pays. Il s’agit principalement de ceux en mélange, ou «à laver», à savoir le polyéthylène, des films plastiques, des styréniques, du PVC, du PET, du PET bouteilles, des polycarbonates CD/DVD et les autres déchets et rebuts plastiques.
«On envoie de tous les emballages en Chine : de la très bonne gamme à la moins bonne, explicite Christophe Viant. Aujourd’hui, les Chinois ne veulent plus que du monoproduit 100%, la top qualité». Si la Chine confirme sa décision, les centres de tri vont donc se retrouver avec d’importants volumes supplémentaires de plastiques bas de gamme en mélange. Il faudra les surtrier, les laver et faire des valorisations alternatives.
La situation est complexe et la filière manque de visibilité. Federec appelle à la création de nouvelles unités de lavage et des centres de surtri en France et Europe pour faire face à l’augmentation des volumes. Il faudra aussi créer des débouchés pour ces nouveaux plastiques. En attendant ces développements, ils seront vraisemblablement valorisés énergétiquement. Les pouvoirs publics doivent donc rapidement prendre à bras le corps ce problème.Ils doivent repenser la fabrication des produits et imposer plus d’éco-conception. En outre, ils doivent inciter les entreprises à utiliser plus de plastique recyclé et repenser la gestion des déchets.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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