Le cabinet d'études AT Kearney vient de livrer son analyse des opérations de fusions-acquisitions dans le secteur de la chimie en 2015. Une année très active qui préfigure ce qui se prépare pour 2016 où des records en valeur sont annoncés.
Avec la confirmation en décembre 2015, de la fusion entre Dow Chemical et DuPont qui va donner naissance à une entreprise de 130 milliards de dollars (115 Md€), évidemment les transactions, en valeurs, vont s’envoler en 2016. Loin devant la très faste année 2011 (plus de 151 Md$ de transactions) et certainement deux fois les valeurs échangées en 2015.
2015 : la chimie a suivi le reste de l’industrie
Si l’on considère l’ensemble du secteur industriel dans le monde, les fusions-acquisitions ont atteint leur plus haut niveau depuis le pic de 2007. La chimie a suivi le mouvement, et les transactions en 2015 ont augmenté en valeurs pour la 4éme année consécutive atteignant 110Md$ (98MdE), soit +30% par rapport à 2014. Les plus grosses opérations concernent Merck qui a acquis Sigma-Aldrich pour 17Md$ et ChemChina qui s’est payé Pirelli pour 9Md$.
2016 : une activité très forte en vue
L’autre grosse transaction annoncée pour 2016, c’est l’offre de ChemChina sur Syngenta pour 43 Md$. Cependant, les « méga-transactions » ne doivent pas cacher le reste des opérations qui sont toujours nombreuses. Comme le souligne le cabinet AT Kearney, les deux tiers des cadres interrogés lors de leur enquête annuelle s’attendent à ce que l’activité soit forte voire très forte en 2016. Et parmi les facteurs principaux identifiés comme moteurs possibles des transactions, ils énoncent : les retours limités via la croissance organique, la chute du prix du pétrole (qui selon les branches est une aubaine ou une difficulté), l’optimisation des portefeuilles, les actionnaires activistes et les prix favorables des matières premières.
Vers un changement de modèle
La fusion Dow-DuPont est révélatrice de l’évolution des grands groupes de chimie actuellement. En effet, derrière cette fusion géante, il y aura finalement trois sociétés distinctes cotées en bourse (chimie des matériaux, agrochimie, chimie de spécialité). Les grands groupes intégrés et diversifiés n’ont plus la cote ; selon AT Kearney, les groupes dont le cœur d’activité est orienté matières premières / produits de base essaieront de consolider cette activité par des opérations de fusions-acquisitions dans un domaine proche ou identique pour augmenter les économies d’échelle, alors que les sociétés plus spécialisées se tourneront vers des opérations visant à compléter leurs offres de services (entreprises du numériques, de services etc). Cette tendance est illustrée, par exemple, par l’acquisition par Bayer de proPlant et Intelmax, deux sociétés qui offrent des solutions numériques pour une production agricole durable.
La Chine talonne l’Amérique du Nord
C’est clairement l’Amérique du Nord qui sera sur le devant de la scène en 2016 : outre la transaction DowDuPont, plusieurs autres « deals » sont dans les tuyaux, notamment l’acquisition de plusieurs parts du néerlandais OCI par l’américain CF Industries pour près de 8Md$. Mais la Chine ne sera pas en reste. Alors qu’il y a encore 10 ans, la chimie était la portion congrue de l’industrie chinoise, elle représente à présent le deuxième plus grand marché derrière les USA et compte pour 21% des transactions. Emmenée par ChemChina, qui est devenu un acteur d’importance au niveau international, c’est toute l’Asie qui émerge sur le secteur chimique et nombre de sociétés asiatiques lorgnent vers l’Europe et ses entreprises sous-évaluées pour grossir rapidement et acquérir facilement le savoir-faire des acteurs de marchés plus matures. Quant à l’Europe, son activité de fusion-acquisition, après une stagnation en 2015, devrait lui aussi augmenter pour 2016.
Sophie Hoguin
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