Composante fondamentale de l’industrie chimique et pharmaceutique, la chimie organique, ou chimie des composés du carbone, a connu un développement prodigieux au cours du siècle précédent, et ce principalement grâce à la découverte et à l’élaboration de nouvelles molécules. Son impact sur notre société est visible, multiple et positif. Aujourd’hui, elle fait, à juste titre, partie intégrante de notre quotidien, à travers une variété de produits indispensables à notre santé (alimentation, médicaments…) ou qui contribuent grandement à l’amélioration de notre qualité de vie (matériaux, cosmétiques…). Qui plus est, elle prend une part active à notre développement économique.
Toutefois, sa forte dépendance vis-à-vis du pétrole, comme source de matières premières, menace considérablement son avenir. Déjà, à l’heure actuelle, ce secteur est confronté à la montée rapide et inexorable des cours du pétrole, engendrée par une demande mondiale grandissante en matière d’énergie ; mais aussi il doit prévenir l’épuisement programmé à court terme des ressources fossiles non renouvelables. D’autre part, cette chimie véhicule souvent une image négative auprès de la société aussi bien en matière de santé et de sécurité que d’environnement, et ce d’autant plus lorsqu’elle est à l’origine ou associée à des catastrophes écologiques et/ou humaines.
Tout le monde a encore en mémoire la tragédie de la thalidomide en 1961 (sédatif hypnotique dont l’énantiomère (S) a montré très vite des effets tératogènes importants chez la femme enceinte) et l’usage excessif des pesticides comme le DDT (puissant insecticide dont la persistance est évaluée de 1 à 10 ans), mettant en cause tour à tour l’industrie pharmaceutique et l’industrie agrochimique. Les accidents industriels les plus médiatiques – comme ceux de Feyzin (France, 1966), Seveso (Italie, 1976), Bhopal (Inde, 1984), Bâle (Suisse, 1986), Protex (France, 1987), La Mède (France, 1992) ou encore l’explosion de l’usine AZF à Toulouse (France, 2001), ainsi que les problèmes liés à la gestion des rejets et des déchets chimiques et à l’accumulation des gaz à effet de serre n’ont fait qu’accentuer cette crise de confiance.
Pourtant, au cours de ces dernières années, l’industrie chimique a, pour sa part, profondément évolué en contrôlant la plupart des cycles de vie des produits (production, manipulation et recyclage) et en s’efforçant ainsi à intégrer les principes d’une chimie durable dite chimie écocompatible ou chimie verte – c’est-à-dire plus soucieuse de l’environnement et qui cherche à prévenir la pollution tout en restant compétitive – devenant de ce fait un acteur majeur en matière de développement durable.
Cet article se trouve dans le dossier :
- Chimie verte : nouvel eldorado
- L’industrie chimique occupe une place majeure en France
- Chimie verte, la nouvelle formule magique
- Chimie verte : nouvel eldorado
- « Les fluides supercritiques proposent une chimie fondamentalement différente »
- Chimie et développement durable - Vers une chimie organique écocompatible
- Chimie par transfert de phase