Bloomberg New Energy Finance (BNEF) prévoit une diminution des coûts de l'énergie solaire de 66%, de l'éolien terrestre de 47% et de l'éolien offshore de 71% d'ici 2040. De quoi supplanter les nouvelles installations fossiles. Prospective sur les modes de production électriques d'ici 2040.
Selon le rapport de référence New Energy Outlook 2017 de BNEF, le monde investira 10,2 billions de dollars dans les nouveaux modes de production d’électricité d’ici 2040. En tête, la Chine et l’Inde représenteront respectivement 28% et 11% du total. Surtout, ce sont les énergies renouvelables (ENR) qui tireront leur épingle du jeu. Elles accapareront en effet 72% des investissements dans le monde, dont 27,5% pour le solaire et 32,4% pour l’éolien. Ainsi, l’éolien représentera 48% de la puissance électrique mondiale, contre 12% aujourd’hui. Pour le solaire, ce sera 34%, contre 5%.
Les experts prévoient une augmentation de 10% des émissions du système électrique mondial pour atteindre un pic en 2026. Puis, elles baisseront lentement. En 2040, les émissions seront 4% plus faibles qu’en 2016. Une baisse largement insuffisante pour limiter le réchauffement climatique à 2°C en 2100. Pour être compatible avec cet objectif, BNEF estime qu’il faudrait un investissement supplémentaire de 5,6 billions de dollars. De quoi installer 3.900 gigawatts supplémentaires d’énergies renouvelables
Seb Henbest, auteur principal de l’étude à BNEF voit néanmoins une transition « inarrêtable, grâce à la baisse rapide des coûts de l’énergie solaire et éolienne, et un rôle croissant pour les batteries, y compris celles des véhicules électriques, pour équilibrer l’offre et la demande ». Les auteurs prévoient un taux de pénétration des ENR de 74% en Allemagne, 55% en Chine, 49% en Inde et 38% aux États-Unis d’ici 2040.
Des ENR beaucoup moins chères que le charbon
Le coût des ENR va continuer sa chute vertigineuse dans les prochaines années. Alors que le coût du solaire photovoltaïque a déjà baissé de 25% depuis 2009, il encore perdre 66% d’ici 2040. « Le solaire est déjà aussi peu cher que le charbon en Allemagne, en Australie, aux Etats-Unis, en Espagne et en Italie, analyse BNEF. D’ici 2021, il sera aussi moins cher que le charbon en Chine, en Inde, au Mexique, au Royaume-Uni et au Brésil ».
Du côté de l’éolien, les coûts pour les installations terrestres vont encore perdre 47% d’ici 2040, alors qu’ils ont déjà perdu 30% ces 8 dernières années. Pour l’éolien offshore, la chute sera encore plus importante, avec -71% au même horizon.
La sentence est lourde pour le charbon. La production d’électricité à base de charbon va s’effondrer en Europe et aux États-Unis: respectivement -87% et -45% d’ici 2040. Et ce malgré l’optimisme de l’administration Trump. Aux Etats-Unis, ce charbon sera remplacé par une hausse de 22% du gaz et de 169% des énergies renouvelables. Le charbon devrait néanmoins continuer à se développer en Chine, mais atteindre un sommet d’ici 2026. BNEF s’attend à ce que 369 gigawatts de nouvelles centrales planifiées dans le monde soient annulées, dont un tiers en Inde. Au niveau mondial, la demande en charbon devrait baisser de 15% entre 2016 et 2040.
Des ENR boostées par les nouveaux modes de flexibilité
Les centrales au gaz connaîtront un investissement de 804 milliards de dollars. La puissance des centrales installées en 2040 aura augmenté de 16%. Mais elles ne serviront pas à remplacer les centrales au charbon pour la « production de base ». Elles seront surtout utilisées comme moyen de flexibilité pour assurer la demande de pointe et assurer l’équilibre du réseau.
À côté de ces centrales au gaz, les batteries lithium-ion vont fortement se développer. Ce marché pour le stockage énergétique devrait valoir au moins 239 milliards de dollars entre 2017 et 2040. Les batteries accompagneront notamment le développement du marché du photovoltaïque sur toitures. Cette technologie produira notamment jusqu’à 24% de l’électricité en Australie et 15% en Allemagne. « Les batteries de petite échelle installées par les ménages et les entreprises aux côtés des systèmes photovoltaïques représenteront 57% du stockage dans le monde d’ici 2040 », prévoit BNEF.
Par ailleurs, les batteries des véhicules électriques contribueront à assurer l’équilibre du réseau. Charger intelligemment ces véhicules, lorsque les ENR génèrent de l’électricité et que les prix sur le marché de gros sont bas, aidera le réseau à s’adapter à l’énergie solaire et au vent intermittent. Le développement du véhicule électrique s’accompagnera d’une baisse des coûts des batteries lithium-ion de 73% d’ici 2030.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Quid des volants d’inertie pour le stockage intermittent stationnaire, qui seront bien plus compétitifs que le lithium-ion, à réserver à la mobilité électrique hybridée avec range extender.
Vue la part croissante du solaire et de l’éolien, le graphique devrait faire apparaître les capacités de stockage et d’à point : barrage centrales thermiques, produisant presque autant !
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