Après une amputation, restaurer les fonctions sensorimotrices perdues est un immense défi. Les interfaces humain-machine manquent souvent de fiabilité dans les contrôles et la fixation, rendant l’usage des prothèses inconfortable pour les patients. Une équipe multidisciplinaire d’ingénieurs et de chirurgiens s’est mis en tête de travailler sur de nouvelles interfaces, capables de dépasser ces obstacles. Le projet était mené d’un côté par le professeur Max Ortiz Catalan, à la tête du Bionics Institute (Australie) et fondateur du Center for Bionics and Pain Research (Suède), et de l’autre par Rickard Branemark, chercheur associé au MIT (États-Unis) et professeur associé à l’université de Göteborg (Suède), en charge de la chirurgie. Avec l’aide de leurs collègues, ils sont parvenus à implanter cliniquement une prothèse neuromusculosquelettique. Plus précisément, ils ont relié une main bionique directement aux systèmes nerveux et squelettique de l’utilisateur.
Une main bionique faite de titane
La patiente qui a reçu cette prothèse a été victime, il y a plus de 20 ans, d’un accident de ferme. Des suites de cet accident, la femme née en 1973 a dû être amputée juste en dessous du coude. Malheureusement pour elle, depuis l’opération elle ne cessait de souffrir de douleurs du membre fantôme. Un phénomène qui touche près de deux tiers des nouveaux amputés. De plus, les prothèses conventionnelles, trop limitées, ne lui convenaient pas. Mais la chance a tourné puisqu’elle a fini par rejoindre l’étude des professeurs Ortiz Catalan et Branemark entre septembre 2018 et avril 2021. Elle était alors la première à expérimenter l’interface mise au point par leurs équipes respectives.
Pour parvenir à lui greffer une main bionique, les scientifiques ont dû pratiquer plusieurs implantations décrites en détail dans Science Robotics le 11 octobre 2023. D’abord, des implants en titane ont été placés en contact avec la partie interne des os de l’avant-bras (radius et ulna). Puis, des constructions électro-musculaires ont été créées chirurgicalement, en transférant des nerfs coupés vers des greffons de muscles. Ces derniers, ainsi que les muscles natifs et les nerfs ulnaires – relatifs à l’ulna – se sont vus implanter à leur tour de multiples électrodes. Enfin, des extensions transdermiques – appliquées sur la peau – d’implants en titane ont permis de fixer directement la prothèse au squelette, tout en autorisant une communication bidirectionnelle entre les électrodes et la main bionique. Et le résultat a été au rendez-vous ! En effet, des années d’usage au quotidien plus tard, la main bionique fonctionne toujours et soulage son utilisatrice de ses douleurs du fait de sa meilleure intégration au reste de son corps.
Crédit image de une : cottonbro studio – Pexels
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