Des scientifiques agronomes mettent à profit leurs innovations pour que la production de céréales soit encore possible, malgré une hausse des températures.
L’année 2016 a été une année noire pour les récoltes céréalières françaises à cause d’une météo déplorable au printemps. Selon Agreste, le service des statistiques du ministère de l’Agriculture, la baisse de la production est estimée à -31,6% par rapport à 2015. De plus, un article paru dans la revue Nature Climate Change atteste qu’une augmentation des températures de 1°C ferait baisser le rendement mondial du blé entre 4,1% et 6,4%.
Des recherches scientifiques pour optimiser les rendements
Le blé est la céréale la plus menacée par la hausse des températures. Selon certains scientifiques, la tendance a commencé il y a presque trente ans. « La stagnation des rendements du blé observée depuis le début des années 90 est étroitement liée au dérèglement climatique » observe Katia Beauchêne d’ARVALIS – Institut du végétal. Une tendance à prendre au sérieux quand on sait que la FAO annonce que « la production céréalière [mondiale] annuelle devra s’accroître de près d’un milliard de tonnes » d’ici 2050 pour pouvoir nourrir 10 milliards d’individus.
L’un des enjeux est donc de définir quelles sont les céréales les plus résistantes. L’institut du végétal mène des études via sa plate-forme PhénoField. Grâce à l’étude du génotype et du phénotype des plantes, le but est de « sélectionner les variétés de maïs et de blé les mieux adaptées aux conditions climatiques ». Des études sur le système racinaire des plantes sont aussi menées. L’objectif est d’évaluer la résistance des racines aux intempéries violentes qui risquent de se multiplier à l’avenir.
La technologie au renfort de l’agriculteur
Mieux connaître la nature des sols permettrait aux agriculteurs de gérer plus aisément leurs cultures. C’est le but recherché des fermes connectées. À l’aide de capteurs, l’envoi d’informations à distance est un atout majeur pour les exploitants agricoles. Les stations météorologiques connectées sont aussi précieuses. Ainsi, en cas de disparité d’irrigation des sols, le cultivateur peut identifier les besoins en eau de sa terre et cibler l’arrosage. Les agronomes souhaitent également parvenir à une meilleure gestion des stocks d’eau.
Des drones sont utilisés pour lutter contre les ravageurs. Le développement de ces derniers est un danger indéniable pour les cultures de maïs par exemple. Pour endiguer le phénomène, les sociétés Bioline Agrosciences et Agribird ont mis au point un drone capable de répandre sur les champs de maïs des œufs de trichogrammes. Ces minuscules guêpes sont chargées de lutter contre la pyrale, qui peut ravager une plantation. La lutte contre les espèces nuisibles est d’autant plus importante qu’elles se propagent rapidement avec le réchauffement climatique.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Le conseil mondial de l’eau donne les chiffres suivants sur les quantités d’eau nécessaire actuellement pour les différentes productions de l’agriculture et de l’élevage:
L’agriculture:
Pourquoi l’agriculture a-t-elle besoin d’eau?
Les chiffres significatifs:
1000 litres d’eau pour 1 kg de blé,
900 litres d’eau pour 1 kg de maïs
13 000 litres d’eau pour 1 kg de bœuf
5000 litres d’eau par jour pour notre ration alimentaire.
L’irrigation est visible ou invisible. Dans les zones où il pleut assez régulièrement en hiver, il n’est pas nécessaire d’irriguer. En revanche, pour le maïs dont la croissance a lieu à la période estivale, il faut irriguer bien que le besoin en eau pour produire un kg de maïs soit inférieur à la quantité d’eau nécessaire pour un kg de blé.
Le réchauffement climatique est aujourd’hui sur une trajectoire de + 7 °C d’ici 2100. C’est alarmant d’autant que les climatologues pensent qu’il peut y avoir un emballement si nous atteignons + 3°C. En effet une grande partie du carbone est repris par les océans qui le transforme en carbonate dans les récifs coralliens. Or aujourd’hui l’acidification des eaux des océans par l’acide carbonique est tel que les récifs coralliens au lieu de prospérer, meurent. Donc les océans perdent de leur capacité de captage. Mais le pire est lié au dégel total du permafrost sibérien pendant deux à 3 mois l’été. Et sous ce permafrost on trouve de grandes quantités de méthane qui seraient libérées et dont le potentiel de réchauffement est de 23 fois supérieur à celui du CO2.
La COP 21 a conclu sur la nécessité de ne pas dépassé + 2,6 °C en 2100 par rapport à 1860. C’est un engagement très difficile à tenir. Si nous le tenons pas, le pire peut se produire. Pour l’agriculture, un point pas assez souligné est précisément l’effet des hivers trop doux qui ne détruisent plus au moins partiellement les larves des parasites.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE