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Décryptage

Centrale nucléaire de Fukushima : Le point

Posté le par La rédaction dans Environnement

Suite au séisme (suivi d’un Tsunami) du vendredi 11 mars, la centrale nucléaire japonaise de Fukushima Daiichi I est confrontée à un accident majeur. En effet, quatre des six réacteurs de la centrale sont très endommagés. Le point sur la situation.

Le séisme qui s’est produit vendredi dernier a dévasté une grande partie du Nord de l’archipel nippon. Ce tremblement de terre, de magnitude 9, a touché plusieurs centrales nucléaires. Selon les dernières informations disponibles, seule la centrale de Fukushima Daiichi I a subi des dommages graves. Les réacteurs des autres centrales japonaises ont pu être arrêtés ou refroidi de manière à les sécuriser.

Cependant, l’accident de la centrale de Fukushima Daiichi I, lui, prend une ampleur mondiale. Depuis deux jours, les prévisions sont de plus en plus pessimistes. Las autorités françaises évoquaient mercredi un « scénario du pire » avec des conséquences plus importantes que l’accident de Tchernobyl . Ce matin, quatre réacteurs sont toujours hors de contrôle, alors que les secours ont entrepris des manœuvres spectaculaires (largage d’eau par hélicoptère) pour tenter de refroidir les réacteurs. Aussi, la France a dépêché un avion transportant 95 tonnes de bore, élément permettant de ralentir le processus de fusion nucléaire des réacteurs.

Suite au tremblement de terre de vendredi dernier, les responsables de la centrale Fukushima Daiichi I stoppent immédiatement les réacteurs 1, 2, et 3. Mais les systèmes de refroidissement ainsi que les systèmes de secours, censés prendre le relais dans ce cas, ont été endommagés par le séisme et le tsunami. La conséquence directe est que l’énergie résiduelle du combustible n’est plus évacuée : ainsi, la température n’a depuis cessé d’augmenter, et a fait baisser le niveau d’eau, découvrant une partie du combustible. De là, la fusion, pour l’instant partielle, s’est enclenchée.

Dans les jours qui ont suivi, des explosions, dues à l’accumulation d’hydrogène, détruisent les structures externes de plusieurs réacteurs, sans que pour autant les enceintes de confinement ne soient endommagées.

De nouvelles explosions, notamment au niveau des réacteurs 2 et 4, remettent en cause la résistance des enceintes de confinement, surtout celle du réacteur 2, à propos de laquelle les autorités japonaises ont déclaré qu’elle n’était plus étanche.

Les réacteurs exploités dans la centrale de Fukushima Daiichi I sont des réacteurs à eau bouillante (REB). D’autre pays, comme les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Suède, la Russie ou la Suisse utilisent ce type de réacteur. Il s’agit d’un réacteur à neutrons thermiques dans lequel le modérateur est l’eau ordinaire. (En savoir plus sur les réacteurs à eau bouillante).

Le point réacteur par réacteur

L’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), publie plusieurs fois par jour des comptes rendus de la situation. Ce matin, les informations sur les réacteurs de la centrale et les piscines de ces réacteurs sont les suivantes :

Réacteur 1

Il semble qu’il n’y ait pas d’ébullition au niveau de la piscine. En ce qui concerne la réacteur, la puissance à évacuer est relativement faible (0,3 MW). Selon l’exploitant, 70% du coeur du réacteur serait endommagé. L’injection d’eau de mer dans la cuve serait maintenue afin d’assurer le refroidissement du coeur qui reste cependant partiellement dénoyé. L’eau contenue dans la cuve se décharge dans l’enceinte de confinement via une soupape. L’enceinte de confinement est maintenue intègre. Des dépressurisations de l’enceinte de confinement sont réalisées. Chaque ouverture entraîne de nouveaux rejets de produits radioactifs dans l’environnement. La partie supérieure du bâtiment réacteur a été soufflée par une explosion. La salle de commande est très irradiante, limitant le temps de présence des intervenants.

Réacteur 2

Selon l’exploitant, 33% du coeur du réacteur serait endommagé. L’injection d’eau de mer dans la cuve est maintenue afin d’assurer le refroidissement du coeur qui est maintenant sous eau. L’enceinte de confinement est endommagée, toutefois il ne semble pas que l’étanchéité soit remise en cause (la pression à l’intérieur du bâtiment étant fluctuante). De ce fait, des dépressurisations de l’enceinte de confinement sont prévues. Chaque ouverture entraînera de nouveaux rejets de produits radioactifs dans l’environnement. La salle de commande est très irradiante, limitant le temps de présence des intervenants. Enfin, la piscine, il semble qu’il n’y ait pas d’ébullition.

Réacteur 3

Selon les calculs de l’IRSN, la piscine est passée en ébullition. Des largages d’eau par hélicoptères ont eu lieu vers 10h00 heure locale (02h00 heure de Paris le 17 mars). Environ 7,5 tonnes d’eau ont été lâchées à chaque passage mais une part importante de l’eau n’a probablement pas atteint sa cible. L’absence de panache de vapeur au-dessus du bâtiment laisse penser que l’opération a été efficace. Cependant, cela ne permet que de retarder très légèrement la dégradation de la situation. L’IRSN suspecte une perte d’étanchéité de la piscine.
Le cœur du réacteur, lui, est partiellement endommagé. L’injection d’eau de mer dans la cuve serait maintenue afin d’assurer le refroidissement du coeur qui reste cependant partiellement dénoyé. La vapeur produite dans la cuve au contact du combustible s’évacue dans l’enceinte de confinement qui semble toujours étanche. Des dépressurisations de l’enceinte de confinement sont réalisées. Chaque ouverture entraîne de nouveaux rejets de produits radioactifs dans l’environnement. La partie supérieure du bâtiment réacteur a été soufflée par une explosion. La salle de commande est très irradiante, limitant le temps de présence des intervenants.

Réacteur 4

La partie supérieure du bâtiment est endommagée. La salle de commande est très irradiante, limitant le temps de présence des intervenants. Comme pour le réacteur 3, la piscine est également passée en ébullition. La puissance à évacuer est élevée, environ 3 MW. Des largages d’eau par hélicoptères étaient prévus vers 10h00 heure locale (02h00 heure de Paris le 17 mars). Il semblerait que le survol par hélicoptère ait permis de constater que cette piscine contenait de l’eau. Ceci aurait conduit à un largage de deux poches supplémentaires d’eau sur la piscine du réacteur n°3. Cette information reste cependant sujette à caution.

Réacteur 5

La température de l’eau de cette piscine augmente lentement. Le niveau d’eau est contrôlé. L’IRSN n’a pas d’information sur la présence de combustible dans le cœur  du réacteur.

Réacteur 6

Cette piscine est refroidie suite à la mise en œuvre  de groupes électrogènes diesels supplémentaires. Le niveau d’eau est contrôlé. Comme pour le réacteur n°5, l’IRSN n’a pas d’information sur la présence de combustible dans le cœur  du réacteur.

Par P.T.

 

Déjà publié :

Accident nucléaire de Fukushima : Causes et conséquences

 

Posté le par La rédaction


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