Conçu par Qarnot, le radiateur QC-1 ne fait pas que chauffer : équipé de deux circuits graphiques, il mine des crypto-monnaies pour assurer une source de revenus à son propriétaire.
Les ordinateurs sont un gisement de chaleur fatale dont l’exploitation est en vogue dans les grandes fermes de serveurs (datacenters). A l’échelle d’un logement, ils forment aussi une source de chauffage pertinente, voire une source de revenus. C’est le principe du radiateur QC-1 de l’entreprise Qarnot, dévoilé début mars : équipé de deux processeurs graphiques RX580 de marque AMD, le QC-1 produit une puissance calorifique totale de 650 watts, cette chaleur étant dégagée par le minage de crypto-monnaies. Le revenu mensuel engendré par cette opération atteindrait une centaine d’euros, selon le communiqué officiel de Qarnot.
Cette jeune entreprise sise à Montrouge (Hauts-de-Seine) n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2013 et dans le cadre de projets de réhabilitation, elle commercialise auprès des bailleurs le radiateur QH-1 (autrefois Q-Rad), embarquant un ordinateur dont la puissance de calcul est allouée à la demande. «Nous vendons les radiateurs au bailleur et nous remboursons la consommation électrique, explique Miroslav Sviezeny, directeur général et cofondateur de Qarnot. En contrepartie, nous vendons de la puissance de calcul via notre plateforme cloud à des salles de marchés, à des spécialistes de l’animation 3D… Plus de 500 unités du Q-Rad sont aujourd’hui déployées dans des bureaux et des logements collectifs, principalement en région parisienne. Ce nombre sera doublé d’ici à septembre, avec la livraison d’un immeuble mixte à Bordeaux.»
Amorti au bout de deux à trois ans
Le modèle économique QC-1 diffère, donc. «Bien qu’une offre existe pour les professionnels, ce modèle s’adresse en priorité aux particuliers, précise Miroslav Sviezeny. Il est vendu 2900 € via notre site Internet, d’autres distributeurs pouvant s’ajouter par la suite. Techniquement, il est découplé de notre plateforme cloud et opère de manière indépendante. Les prérequis sont une prise électrique standard et un accès réseau filaire à Internet. Une liaison ADSL est suffisante, alors que le QH-1 réclame une liaison fibrée. Trois crypto-monnaies sont préconfigurées – Zcash, Monero et Ether – et le minage est automatique. Si une crypto-monnaie plus rentable fait son apparition, une mise à jour pourra la prendre en compte. Sinon, notre Github permet de paramétrer la monnaie de son choix.»
La puissance est réglable via le thermostat intégré ou l’application mobile : le radiateur, silencieux en l’absence de ventilateur et de disque dur, peut être éteint l’été et fonctionner à plein régime l’hiver, les deux résistances de 200 watts complétant les 450 watts fournis par les deux processeurs graphiques. De quoi chauffer une pièce de 20 m2 selon Qarnot, la qualité de l’isolation étant à considérer. Cette même application mobile indique la tendance des cours des crypto-monnaies et en déduit le niveau de revenus.
«L’amortissement varie entre deux et trois ans au cours actuel» estime Miroslav Sviezeny, qui admet que ces cours sont volatils. En témoigne la monnaie Ether, qui a perdu 30% de sa valeur depuis la présentation officielle du QC-1. Deux autres facteurs interviennent dans le calcul : le coût du kilowatt-heure, plutôt bas et stable en France pour les particuliers, et l’efficacité du minage, elle-même dépendante de la puissance de traitement. Or, l’obsolescence des circuits graphiques est rapide. Qarnot réfléchit à mettre en place à l’avenir une procédure de reprise du QC-1, quand apparaîtront des versions plus performantes. Quoi qu’il en soit, le rendement demeurerait suffisant pour contrebalancer la consommation électrique du radiateur.
Frédéric Monflier
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