Le 15 mai, l’équipage a décollé de Guyane pour rejoindre le bateau à San Diego en Californie. L’expédition a ensuite pris la mer le 20 mai pour un voyage d’environ 3 700 km, en direction de la soupe de plastique du 7e continent, une région encore très mal connue du monde.
Durant toute l’expédition, Soizic Lardeux capturera des images en surface et à différentes profondeurs pour ramener un témoignage et sensibiliser le monde à cette problématique. Car l’expédition se veut avant tout pédagogique.
Pour cela, plusieurs classes sont impliquées dans le projet et exploiteront les données satellites fournies par le Centre national d’études spatiales (CNES) dans le cadre du projet Argonautica.
Le bateau est équipé d’une balise Argos pour que tout le monde puisse suivre sa progression sur internet.
L’équipage
Mesurer la pollution de l’eau et des poissons
Les fragments de plastique sont des réservoirs de polluants. Ils les piègent, les accumulent, les transportent et les relarguent.
Pour détecter la pollution relarguée par ces fragments dans l’eau, des capteurs fournis par le laboratoire des Interactions Moléculaires et Réactivité Chimique et Photochimique (IMRCP) de Toulouse seront utilisés.
Ces capteurs concentrent rapidement les polluants, ce qui permet ensuite de les doser en laboratoire par chromatographie gazeuse couplée à un spectromètre de masse.
Ces organogels poreux fonctionnent comme une éponge à polluant : l’eau circule facilement à l’intérieur et y laisse ses polluants.
Le montage est simple : placés dans des petites boules grillagées, les capteurs sont placés dans l’eau durant 2 heures.
Durant le trajet, des capteurs seront placés à 3 endroits différents pour comparer l’évolution de la pollution à l’approche de la plaque de déchets.
À chaque emplacement, 3 réplicas seront faits en surface, 2 à 40 cm de profondeur et 2 à 1,2 m de profondeur. Ils seront analysés au laboratoire au retour.
Ces organogels seront aussi utilisés pour analyser les polluants présents dans les grands poissons.
« La congélation aurait été une meilleure option mais il n’y a pas de congélateur à bord du voilier ! C’est une opportunité pour les chercheurs du laboratoire des IMRCP de tester l’utilité de leurs capteurs dans ce contexte », confie Claire Pusinéri, responsable scientifique de l’expédition.
« Nous avons une dizaines de capteurs dédiés à cela. Nous en placerons 2 dans chaque poisson. Le nombre de poissons sera fonction de la pêche », prévient-elle.
Les micro-fragments et le plancton présents à la surface de l’eau seront échantillonnés avec un filet à plancton « Manta » petit modèle (50 cm x 20 cm d’embouchure et 300 micron de maille) qui sera mis à l’eau environ 1 heure chaque jour. Les échantillons seront analysés par le laboratoire des IMRCP ainsi que par certaines classes participant au projet.
Utiliser des bouées dérivantes
Pour le projet, une bouée dérivante, la Gyroplastic, a été élaborée par des élèves ingénieurs de l’ICAM Toulouse.
Elle comprend des capteurs de fluorimétrie, de luminosité, de températures et de conductimétrie à 1 m, 15 m et 30 m de profondeur. La bouée sera mise à l’eau environ 1h par jour pour faire les mesures.
Les données collectées seront directement transmises au CNES via Argos.
Les élèves ont aussi travaillé sur le prototype d’un capteur spécifique « plastique », qui est intégré à la bouée.
En différenciant les micro-déchets plastiques du plancton, il sera possible de calculer la concentration des fragments dans les zones de prélèvement. 3 autres bouées dérivantes du programme de suivi des océans Oceansites seront lancées au fil de la mission.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
En savoir plus sur : l’échec de la précédente expédition
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