Pour nourrir le plan d'adaptation de la France à un réchauffement de +4°C en construction, I4CE dévoile son rapport sur l'évaluation des coûts de l'adaptation au changement climatique.
Plusieurs rapports évaluent les coûts nécessaires pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et donc atténuer les effets du changement climatique. Mais dès lors qu’il s’agit d’adaptation, les informations demeurent plus diffuses. Pour y voir plus clair, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) dévoile son rapport Anticiper les effets du réchauffement climatique de +4°C : quels coûts pour l’adaptation ? remis au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, le 5 avril dernier.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des « options d’anticipation » connues, prêtes à être déployées. Certaines options offrent suffisamment de co-bénéfices économiques pour être intrinsèquement rentables, mais ce n’est pas le cas de toutes. « Ce constat invite à ouvrir un débat sur l’internalisation du risque climatique dans les modèles économiques et la prise en charge des coûts de l’adaptation », propose I4CE.
Il faudra donc accepter de dépenser plusieurs milliards d’euros par an pour adapter l’ensemble des secteurs économiques à une France à +4°C d’ici la fin du siècle. Le rapport donne « de premiers ordres de grandeur des montants en jeu pour l’ensemble des acteurs de l’économie », mais ne permet pas d’en déduire « un coût unique de l’adaptation en France ». Et pour cause : le coût final dépendra certes du niveau de réchauffement retenu pour l’adaptation, mais aussi « de la manière dont on choisit collectivement de se préparer », prévient I4CE. Le coût de l’adaptation revient ainsi dans le temps à une somme de trois types de coûts : les coûts d’anticipation ou de prévention, les coûts de réaction ou de réparation et les coûts liés aux pertes de recettes et aux conséquences socio-économiques induites par chaque événement climatique.
Des mesures d’adaptation à « quelques » milliards et centaines de millions
Le rapport s’intéresse à l’adaptation de trois secteurs en France hexagonale : le bâtiment, les infrastructures de transport terrestre et les productions agricoles végétales. Pour assurer le confort d’été par exemple, les coûts additionnels s’élèvent entre 1 et 2,5 milliards d’euros par an pour la construction neuve, tous secteurs confondus. Ils représentent en plus « plusieurs milliards d’euros par an » pour le parc existant. Toutefois, renforcer les mesures de prévention des risques inondation et de retrait-gonflement des argiles ne représenterait que « quelques centaines de millions d’euros ».
Pour adapter les réseaux routiers et ferrés, il faudra également dépenser entre « quelques centaines de millions à quelques milliards d’euros par an […] dans les prochaines décennies ». Pour maintenir les rendements agricoles malgré le changement climatique, il faudrait enfin dépenser « de l’ordre de 1,5 milliard d’euros par an », calcule I4CE.
Ne pas mettre en place une politique d’adaptation ambitieuse coûtera encore plus cher à la collectivité. Et sans adaptation structurelle, « ces dépenses subies [liées aux dommages, aux coûts des réparations des infrastructures essentielles ou encore aux aides de crise] ne vont cesser d’augmenter et perdre leur caractère exceptionnel », souligne I4CE. Elles représentent déjà « plusieurs milliards d’euros par an ». C’est sans compter les conséquences socio-économiques induites, comme les impacts sur le système de santé, la productivité du travail, l’efficacité des réseaux de transport et la balance commerciale.
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