Fragile équilibre
La montée en puissance des énergies renouvelables dans le mix électrique complexifie chaque jour un peu plus la mission des gestionnaires de réseaux haute tension. Rarement mis sous les feux des projecteurs, ils accomplissent pourtant une tâche fondamentale : équilibrer en permanence la production avec la demande d’électricité. Sans l’action continue des gestionnaires (GRT dans le jargon) la population serait en proie à des coupures inopinées et répétitives du courant. Jusqu’ici, le travail, bien que minutieux jouissait d’une assez forte prévisibilité. La demande est estimée à l’avance avec, en général, une grande précision, obtenues par la compilation d’années de consommation et de modèles probabilistes. La production était jusqu’ici assurée par les grandes centrales (nucléaire ou autres) ayant des calendriers d’exploitation déterminés à l’avance. La hausse exponentielle des installations éoliennes ou solaires notamment, et leur priorité instaurée sur les réseaux, ont obligé les GRT à imaginer des outils avancés pour classer, traiter et mettre en valeur toutes ces informations.
Energy Imbalance Market
L’accord passé entre le Centro Nacional de Control de Energía (CENACE) et son homologue américain le California Independent System Operator (CAISO), fait suite à un Memorandum of Understanding signé entre Pedro J. Coldwell, le Secrétaire mexicain de l’Energie, et Edmund G. Brown Jr, Gouverneur de Californie en juillet 2014. Il prévoyait d’utiliser les deux interconnexions (Otay Mesa and Imperial Valley) entre la Californie (USA) et la Basse Californie (Mexique) pour imaginer comment l’intégrer au système d’équilibre. L’Energy Imbalance Market est déjà opérationnel dans 7 autres états des Etats-Unis : Oregon, Washington, Utah, Idaho, Wyoming, Arizona et le Nevada. Selon l’opérateur américain, l’EIM lui aurait fait gagner pas moins de 88 millions de dollars en favorisant la sélection de sources de production moins chères et moins polluantes. Le CAISO estime ainsi avoir évité l’émission de quelque 126 000 tonnes de CO2.
Alors que certains s’échinent à vouloir ériger des murs, l’initiative de ces deux opérateurs électriques montrent l’intérêt pratique de la coopération régionale. De surcroit dans des zones ou les caractéristiques de vent changent rapidement, obligeant ces derniers à constamment revoir leurs prévisions. Reste que cette initiative aura un impact limité. En effet, la région mexicaine de Basse Californie n’est pas interconnectée avec le reste du pays réduisant l’apport du parc mexicain à sa seule région frontalière. Symbole que même si le secteur électrique va avoir de plus en plus recours aux technologies de pointe, il lui faudra toujours installer des lignes électriques pour acheminer le courant…
Par Romain Chicheportiche
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