Dès le 12 avril, le Royaume-Uni pourrait quitter l'Union européenne. Et il ne sera plus tenu de respecter plusieurs engagements pris aux côtés des autres États membres. Les écologistes britanniques craignent que le Brexit ait un impact néfaste sur la politique environnementale menée Outre-Manche.
Dans les prochains jours, une sortie brutale du Royaume-Uni de l’Union européenne sera à prévoir. Les présentations de Theresa May devant le Parlement britannique se suivent et se ressemblent, et le scénario d’une sortie sans accord semble se préciser. Les analystes craignent que cette sortie soit notamment suivie par un marasme économique. Les écologistes craignent également que le fait de quitter l’Union européenne porte préjudice à l’environnement du pays. Une interrogation légitime lorsque l’on sait que 80 % des lois sur la pollution, le recyclage, les produits chimiques, ou encore le réchauffement climatique proviennent de l’Union européenne.
Après le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, plus rien n’obligera l’État insulaire à suivre les directives données par Bruxelles. Les défenseurs d’une politique environnementale forte craignent également qu’après le Brexit, le gouvernement soit totalement enferré dans d’autres problématiques et que la question de l’environnement soit laissée de côté. Une hypothèse partagée par Richard Black, directeur du think tank Energy and Climate Intelligence : « Si nous avons un Brexit sans accord, le gouvernement va être occupé par d’autres choses. »
Les ONG environnementales britanniques craignent le Brexit
Les mots de Theresa May et du ministre de l’Environnement Michael Gove sont toutefois plutôt rassurants. Ce dernier assure que le Brexit sera l’occasion pour le pays de « redessiner la politique environnementale qui assurera le même niveau de protection que celui garanti par l’Union européenne ». Et depuis l’an dernier, la Première ministre avait assuré que le Royaume-Uni continuerait de tenir ses « engagements envers la planète ». Par ailleurs, le gouvernement prévoit la création d’un Bureau pour la protection de l’environnement qui aura pour rôle d’apporter aux équipes gouvernantes des informations fiables et indépendantes. Il jouerait le rôle qu’assure actuellement la Commission européenne et prendrait ses fonctions en 2021.
Mais malgré ces assertions, les écologistes ne sont pas convaincus. Ils estiment que si le bureau est une initiative louable, il n’aura pas les moyens d’agir. Dans tous les cas, cet organisme ne jouera pas un rôle aussi contraignant que la Commission européenne sur le gouvernement britannique. Après le Brexit, le gouvernement désignera lui-même le directeur de ce bureau. C’est également le gouvernement qui le financera. En ce sens, la question de son indépendance pourrait légitimement être remise en question. Une configuration que déplore la militante de l’ONG Friends of the Earth Kierra Box. « Cela ne ressemble pas à l’organisation puissante qu’on nous avait promise » déplore-t-elle.
Le Brexit, une aubaine pour les entreprises pollueuses
Et la perplexité quant à la future action britannique pour l’environnement dépasse les frontières nationales. Les institutions européennes craignent que le Brexit entraîne un vide juridique qui empêcherait le Royaume-Uni de sanctionner les entreprises qui enfreindraient les lois environnementales. Des entreprises ont déjà commencé à faire pression sur le gouvernement, à l’instar d’Ineos. Selon The Guardian, la société pétrochimique menace de fermer son usine de Middlesbrough, causant ainsi la perte de 350 emplois, si elle devait continuer de respecter les directives européennes en termes de pollution de l’air et de l’eau.
Et il se pourrait fortement que les entreprises aient gain de cause. Le gouvernement leur a bien affirmé qu’une fois le Brexit acté, le pays ne serait plus soumis à la réglementation européenne. La gestion des déchets pourrait également être très fortement impactée, favorisant l’incinération ou l’enfouissement des déchets. Le déversement de produits chimiques dans les eaux ne serait pas impossible non plus. « L’inquiétude pourrait bien se produire: tout à coup, aux frontières de l’UE, vous avez un pays qui applique des normes insuffisantes en matière de législation environnementale ou sociale […] et nous ne pouvons rien faire. Ce n’est pas bon pour l’environnement » déclare anonymement un député européen.
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