Le niveau moyen d’exposition au bisphénol A est 50 à 100 fois inférieur à la valeur toxicologique de référence. C’est en tout cas la conclusion tirée par l’Afssa d’après ses travaux en cours. Cependant, l’agence ne conclut pas au risque 0, loin de là. Elle recommande l’étiquetage systématique sur les ustensiles de cuisine et la réévaluation des limites de migration spécifique du BPA dans les aliments. Comme elle s’y était engagée, l’agence française de sécurité sanitaire des aliments effectue une enquête sur l’exposition des consommateurs au BPA en France. Elle a déjà recueilli 769 données sur les teneurs en BPA dans les aliments, provenant de publications scientifiques, des professionnels et de différentes associations. Le BPA migre dans les aliments à partir des matériaux de contact, phénomène accentué par le chauffage. D’après les premiers résultats, les valeurs de migration varient fortement d’un produit à l’autre :
- pour les sodas, les valeurs les plus basses retrouvées sont inférieures au seuil de détection, les plus hautes allant jusqu’à 17 µg/kg d’aliment ;
- pour les conserves de légumes, de poissons et de plats cuisinés, les valeurs les plus basses sont inférieures au seuil de détection, les plus hautes allant jusqu’à 128 µg/kg d’aliment.
Étiquetage systématique
Parmi les ustensiles de cuisine, seuls les biberons ont été étudiés, avec pour l’instant des résultats inférieurs au seuil de détection. Rappelons que le Sénat a voté en mars, à l’unanimité, l’interdiction du bisphénol A dans les biberons (lire l’article). Globalement, les consommateurs sont en moyenne soumis à un niveau d’exposition d’environ 1µg/kg de poids corporel/jour. Il est donc très inférieur à la valeur toxicologique de référence (dose journalière tolérable), fixée à 50 µg/kg de poids corporel/jour par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Cependant, l’Afssa souligne que « des études récentes font état d’éventuels effets toxiques après des expositions au BPA dans la période périnatale à basses doses, inférieures à la DJT fixée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (…) Bien qu’il n’y ait pas, à l’heure actuelle, de raison de modifier nos habitudes alimentaires, l’Afssa souhaite qu’à la suite de l’avis de l’Efsa, soient examinées les mesures qui pourraient être prises au niveau européen afin de renforcer la protection des consommateurs et réduire le niveau d’exposition de la population. » L’Autorité européenne de sécurité des aliments doit rendre un avis avant fin mai.
L’Afssa émet trois grandes recommandations :
- étiqueter systématique des récipients et ustensiles ménagers afin de permettre aux consommateurs d’éviter de chauffer excessivement et trop longtemps les aliments dans ces contenants ;
- réévaluer les limites de migration spécifique du BPA dans les denrées ;
- mettre au point des substituts du BPA pour les usages alimentaires.
Dans un communiqué, le Réseau environnement santé (RES) demande « que l’Afssa intervienne clairement auprès de l’agence européenne pour que l’avis de celle-ci, attendu en mai, soit conforme aux bonnes pratiques en matière de fixation des normes et qu’une norme soit fixée à 1ng/kg/jour (1 nanogramme par kilo et par jour) ».
En savoir plus
- Communiqué de l’Afssa : L’Afssa évalue l’exposition des consommateurs au bisphenol A en France
- Communiqué de RES : Commentaire de l’évaluation par l’AFSSA de la contamination alimentaire au BPA
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