C’est aujourd’hui que sont débattues les offres de rachat de SFR. Le comité devra donc trancher entre la proposition de Bouygues et celle de Numéricable. La bataille entre les deux acteurs est rude, et se joue à tous les niveaux. Si Bouygues l’emporte, il fera jeu égal avec Orange en nombre d’abonnés. Oui mais voilà, Numéricable a commencé à négocier en premier. Dès fin février, Numéricable proposait ainsi à SFR de louer son propre réseau de fibre optique, évitant ainsi de devoir louer le réseau d’Orange. Numéricable a proposé 10,9 milliards d’euros, pour 32% du capital d’un groupe Numéricable-SFR.
Mais Bouygues, qui a le plus à perdre, a riposté en dégainant une offre d’un montant de 11,3 milliards d’euros, pour une participation de Bouygues à hauteur de 52% de l’ensemble issu de cette éventuelle fusion. Face aux réticences de l’Autorité de la concurrence de diminuer le nombre d’acteurs dans la téléphonie mobile, Bouygues a trouvé de l’aide auprès de son concurrent Free. Les deux rivaux se sont entendus pour que Free rachète une partie du réseau de Bouygues. Bouygues et Free ont officiellement annoncé qu’en cas de rachat de SFR par Bouygues, ce dernier cédait pour 1.8 milliards d’euros son réseau d’antennes (15 000) et de fréquences. Un arrangement qui a eu l’effet escompté puisque Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la concurrence, a commenté cette information de façon très favorable, estimant que cela simplifierait l’examen du dossier de rachat et en diminuerait les délais de traitement. Numéricable a beau dénoncer les risques pour l’emploi si Bouygues fait main basse sur SFR, l’offre de Bouygues est devenue la plus pertinente.
De plus, Bouygues s’est fendu d’une lettre au ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, détaillant ses engagements. Sur le plan social, Martin Bouygues affirme qu’il ne procédera à aucun licenciement collectif, ni plan social, ni plan de départ volontaire. Bouygues, particulièrement déterminé à l’emporter, s’engage aussi à favoriser les fournisseurs français. De quoi faire plaisir à Alcatel, auquel Bouygues préfère jusqu’ici Huawei ou Ericsson pour ses réseaux mobiles.
Patrick Drahi, à la tête de Numéricable, a lui aussi écrit au ministre sa lettre de motivation, qui s’est déjà prononcé en faveur de l’offre de Bouygues, pour des raisons de préférence nationale.
La bataille fait donc rage jusqu’à la fin, Numéricable ayant annoncé faire une nouvelle proposition d’ici ce soir. Vivendi doit mettre fin au suspense demain.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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