Bouygues Télécom est K.O. Éreinté par la bataille pour tenter de prendre possession de SFR face à Numéricable, essoré par la guerre des prix très agressive imposée par son concurrent Free, l’échec des négociations pour se faire racheter par Orange ou Free laisse cet opérateur téléphonique agonisant, à l’avenir plutôt sombre. Bouygues Télécom n’a plus le choix, il doit se restructurer et procéder à des réformes en profondeur. Son PDG, Olivier Roussat, vient donc d’annoncer un plan de restructuration à la hauteur de l’enjeu. 1516 postes vont être supprimés, ce qui représente près de 17% des effectifs. Ces suppressions de postes devraient impacter principalement le marketing ainsi que l’informatique. Cette coupe sévère dans l’emploi s’ajoute aux 550 postes déjà disparus suite à un plan de départs volontaires. Mais cette fois, sous la pression d’importantes difficultés financières, les seuls départs volontaires pourront ne pas suffire et des licenciements pourraient intervenir.
A la réduction des dépenses s’ajoute une refonte du business model de l’opérateur. Ainsi, les offres dans le secteur de la téléphonie mobile vont être simplifiés, la centaine de variantes actuelles étant trop compliquée pour le consommateur qui a du mal à s’y retrouver. Côté téléphonie fixe, Bouygues va intensifier son attaque sur l’offre couplée téléphone + internet + télévision, une branche qui offre encore des marges très confortables.
Ce plan doit permettre d’économiser 300 millions sur les coûts d’ici 2016. Plus largement, l’évolution du mode de fonctionnement de Bouygues télécom doit générer des économies d’un milliard par an. « Nous sommes capables de recréer à un horizon de deux, trois ans les conditions dans lesquelles nous étions jusqu’en 2012. C’est ça notre objectif » a déclaré Olivier Roussat à l’agence de presse Reuters.
Néanmoins, à long terme, la survie de Bouygues télécom en solo sur un marché à 4 opérateurs est plus qu’incertaine. Orange et Iliad, la maison mère de Free en ont bien conscience et restent en embuscade pour un éventuel rachat. D’ici là, chacun tente des coups de com’ et sort les muscles. Orange affiche un air ostensiblement désinvolte, tandis que Free ose des propositions très en deçà des attentes de Bouygues. L’agence Bloomberg et Les Echos croient savoir que Xavier Niel aurait fait une offre à 4 milliards d’euros, quand Bouygues chiffre sa cession à 8 milliards.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique