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Bluebus et Bluetram : séduction à la COP21

Posté le 9 novembre 2015
par Matthieu Combe
dans Énergie

Suite au succès d'Autolib' à Paris, Bolloré a exporté son modèle d'autopartage dans plusieurs villes : Lyon, Bordeaux, Indiannapolis, Londres.... Le groupe mise désormais sur le marché des transports en commun et veut refaire de la capitale son territoire d'expérimentation. Un marché prometteur à l'aube de la COP21.

Avec près de 3500 véhicules Bluecar en autopartage à Paris pour 90 000 abonnés, l’opération est un succès pour le groupe Bolloré. Grâce à ce pari lancé en 2011, l’industriel a pu exporter avec succès son concept d’autopartage dans plusieurs villes. Avec sa filiale Blue Solutions, Bolloré veut aller plus loin. Avec le lancement de la décapotable Bluesummer, de la Blueutility, mais aussi du Blueboat, du Bluebus et  désormais du Bluetram, le groupe s’impose comme un incontournable de la mobilité électrique.

Blue Solutions veut profiter de la COP21 pour faire connaître l’ensemble de ses solutions et booster ses commandes. Pour cela, le coup de com’ a été bien pensé et repose sur deux fronts. 6 Bluetram seront testés sur les Champs-Elysées du 15 novembre au 15 janvier. Par ailleurs, la RATP dévoilera le Bluebus de 12 mètres de l’industriel, lors de la COP21.

Le Bluebus, de 6 à 12 mètres

Blue Solutions produit un bus électrique de 6 mètres à Laval et à Ergué-Gabéric. Si ce bus a séduit quelques villes (Luxembourg, Vannes, Laval, Reims, Tours…), le marché reste de niche. Le bus de 6 m possède 3 pack batteries, offrant une énergie embarquée de 90 kWh et une autonomie de 120 km. Ses batteries se rechargent complètement en 8 heures. « Un bus sort tous les trois jours et le 148e vient de quitter la chaîne de montage», confie Glenn Raude, Responsable Qualité-Environnement du site d’ Ergué-Gabéric. Mais grâce à son nouveau bus de 12 m, Bolloré va pouvoir se positionner sur le gros du marché. « Le 6 m concerne un marché de niche. Mais le 12 m, c’est 90 % du marché » confirme Glenne Raude.

Dans le cadre de son plan Bus 2025, la RATP vise à remplacer les 4 500 bus de son réseau francilien par un parc 100% électrique et biogaz d’ici 10 ans. Ce plan engendre une commande très intéressante pour les industriels du secteur : 3 600 bus électriques et 900 bus au biogaz. Bolloré espère remporter une bonne partie de la future commande. Il est déjà assez bien parti. Disposant d’une autonomie espérée par la RATP allant de 180 km à 250 km grâce à ses 8 pack batteries placées sur le toit, le Bluebus de 12 mètres a été retenu pour un test grandeur nature de deux ans. Courant 2016, la ligne 341 sera entièrement exploitée par 23 Bluebus. Les premiers prototypes de Bluebus seront livrés dans les prochaines semaines à la RATP. Une nouvelle extension de l’usine d’Ergué-Gabéric devrait ouvrir en janvier 2016 pour lancer la production industrielle.

Par ailleurs, la RATP testera le matériel proposé par d’autres constructeurs sur les lignes 21 et 147. Pendant environ deux mois, plusieurs prototypes de bus électriques seront testés, parmi ceux de  l’espagnol Irizar, du polonais Solaris, du chinois Yutong associé au français Dietrich Carebus Group, du hollando-chinois Ebusco ainsi que du français Heuliez. L’appel d’offre définitif sera lancé en 2017 et les premières livraisons massives de bus électriques sont prévues pour 2019.

Le Bluetram, entre bus électrique et tramway

Le dernier né de Blue Solutions est le Bluetram. Equipé de pneus, ressemblant à un bus, il fonctionne sans rail ni caténaire. Une ligne de six Bluetram desservira gratuitement neuf stations entre Charles de Gaulle-Etoile et Concorde, sur les Champs-Elysées, du 15 novembre au 15 janvier. Il n’existe pas encore de projets commerciaux d’installation pour le moment. Bolloré compte donc sur cette opération lors de la COP21 pour démontrer la facilité d’installation et concrétiser les commandes des villes qui pourraient être intéressées.

Le Bluetram fonctionne grâce à deux supercapacités rechargées à chaque arrêt, pendant la montée et la descente des passagers. Ces supercapacités se rechargent en 20 secondes, ce qui suffit pour donner jusqu’à 2 km d’autonomie et propulser le véhicule jusqu’à l’arrêt où il se rechargera à nouveau. D’un point de vue technique, ces supercapacités sont composées de 30 modules de 20 super-condensateurs de 3000 farads chacun, placés sur le toit du Bluetram. Ils sont rechargés par un bras télescopique qui sort de la station et se branche au véhicule, à chaque arrêt. Le Bluetram dispose tout de même d’un pack batterie de 30 kWh pour pouvoir faire un détour ou se rendre au dépôt en cas de besoin.

Selon Bolloré, la construction d’une ligne de Bluetram ne nécessitant ni rails ni caténaires, se révélerait de 5 à 10 fois moins cher qu’une ligne de tramway classique. En revanche, les premiers Bluetram existant sont construits sur la même architecture que les bus de 6 mètres et n’ont donc qu’une capacité de 22 passagers. Néanmoins, un nouveau modèle de 12 mètres pourrait sortir dès l’année prochaine. Des modèles de 18 m et 24 mètres sont également en projet.

Dans l’usine  d’Ergué-Gabéric,  l’atelier d’assemblage commun aux Bluebus et aux Bluetram de 6 mètres est silencieux et sans poussières. Au cours des 7 étapes d’assemblage, tout se fait manuellement, sans robots. Le bus présente une structure alu-acier-composite, qui sera facilement recyclable, car l’assemblage ne se fait que par boulonnage, sans soudures. Un véhicule sort de la ligne d’assemblage tous les 3 jours.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique


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