Logo ETI Quitter la lecture facile

Décryptage

Biocarburants : un impact sur la réduction des émissions néfastes pour la santé humaine ?

Posté le par La rédaction dans Environnement

L'Energy Biosciences Institute (EBI) vient de publier une étude intitulée « life cycle impact assessment », qui évalue l'impact sur la santé humaine du passage aux biocarburants. Bien qu'il persiste un certain nombre d'incertitudes qui doivent encore être traitées, ces premiers résultats montrent que l'utilisation de biocarburants permettrait d'éliminer 10 % des émissions de molécules polluantes par rapport à l'utilisation de l'énergie fossile. Ce changement entraînerait un impact positif important sur la santé humaine et en particulier dans les zones urbaines.

L’Analyse du Cycle de Vie (ACV ou Life CycleAnalysis) est une méthode permettant de quantifier de manière exhaustive les flux d’énergie et de matière générés au cours du cycle de vie d’un produit. Un inventaire précis de la dépense en énergie primaire non-renouvelable et de toutes les substances émises dans l’environnement pour parvenir à la réalisation de ce produit ou service est réalisé pour chaque étape du cycle de vie, qui débute avec l’extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication jusqu’à sa destruction et au stockage des déchets qu’il génère.Cet inventaire est ensuite interprété en termes d’impacts environnementaux, c’est-à-dire de dommages sur la santé humaine, sur les écosystèmes, sur le réchauffement global et sur les ressources naturelles. Cette phase est appelée l’évaluation de l’impact du cycle de vie (Life Cycle Impact Assessment ou LCIA). Le point critique de l’interprétation en termes de dommages environnementaux est la mise en place d’indicateurs précis permettant de convertir les flux de matière et d’énergie en impacts quantitatifs.

Des contraintes liées aux risques sur la santé
« Bien que le succès du développement des biocarburants nécessite encore des recherches pour surmonter les obstacles techniques, il existe d’autres obstacles qui peuvent également imposer des contraintes souvent plus difficiles, c’est le cas des contraintes imposées par les risques sur la santé », explique Thomas McKone, un expert en évaluation des risques pour la santé au laboratoire « Environmental Energy Technologies » de la School of Public Health de l’Université de Berkeley en Californie.Il ajoute que « si l’on avait fait une étude de cycle de vie et une évaluation de l’impact sur la santé humaine des effets des carburants fossiles, nous ne serions pas dans la situation à laquelle nous devons faire face aujourd’hui ».Le professeur Thomas McKone est le co-leader de ce programme avec Arpad Horvath, professeur agrégé de génie civil et environnement à l’Université de Berkeley. Les travaux sur l’impact du cycle de vie des biocarburants sur la santé humaine ont été présentés lors du 31ème Symposium sur les biotechnologies pour les carburants, organisé par « the Society for industrial microbiology and held » qui s’est tenu à San Francisco le 6 mai dernier.

Tenir compte de la production de biomasse
L’étude a été financée dans le cadre d’un partenariat entre l’université de Berkeley, l’université de l’Illinois et la Société BP, qui sponsorise le programme à hauteur de 500 millions de dollars.Dans sa présentation, le professeur Mc Khone explique que la démarche du LCIA pour les biocarburants vise à examiner les impacts sur la santé humaine et l’environnement en tenant compte de la production de la biomasse, de sa transformation en combustible, de son stockage, de son transport et de sa distribution, et enfin lors de son utilisation donc de sa combustion.Pour analyser l’impact de ces émissions sur la santé humaine, les chercheurs ont déterminé le facteur « desability adjusted life years » (DALY), qui représente l’espérance de vie humaine dans un environnement pollué par les émissions des carburants. Un DALY correspond à une année perdue de « vie en bonne santé ». Dans cette analyse, le total annuel de DALY aux Etats-Unis serait de 30 millions.

Obtenir davantage de données
Pour cette étude, les chercheurs ont mesuré directement le niveau des émissions de certaines particules polluantes telles que le nitrite, le sulfate, l’ammoniac, provenant aussi bien de l’air, de l’eau et du sol. Les résultats montrent que le remplacement de 10 % de l’utilisation de carburants fossiles par des biocarburants permettrait une diminution du facteur DALY de 5.000 à 20.000.Cependant, les chercheurs précisent que le prolongement de ces travaux nécessite une résolution spatiale plus précise et davantage de données sur les facteurs des émissions, pour l’essence et pour les biocarburants, afin de lever certaines incertitudes sur l’influence précise des combustibles sur la santé humaine. Cette étude a cependant permis une prise de conscience de la nécessité d’intégrer cette composante dans les décisions politiques futures concernant les carburants.  

Sources :
  • The coming of biofuels: study shows reducing gasoline emission will benefit human health, 27 mai 2009 : http://newscenter.lbl.gov/feature-stories/2009/05/27/biofuels-and-human-health/
  • Sébastien HAYE, 2005. IMPACT ASSESSMENT OF TOXIC SUBSTANCES UPONTERRESTRIAL ECOSYSTEMS IN COMPARATIVE APPROACHES (LIFE CYCLE ANALYSIS) : http://www.unige.ch/sciences/mesne/ResumeTD/HAYE_fr.HTM
Origine:
  • BE Etats-Unis numéro 168 (8/06/2009) – Ambassadede France aux Etats-Unis / ADIT –http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59394.htm
 Lila Labordeest attachée adjointe pour la Science et la Technologie au Consulat Général de France à Chicago.

Pour aller plus loin

Posté le par La rédaction


Réagissez à cet article

Commentaire sans connexion

Pour déposer un commentaire en mode invité (sans créer de compte ou sans vous connecter), c’est ici.

Captcha

Connectez-vous

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.

INSCRIVEZ-VOUS
AUX NEWSLETTERS GRATUITES !