Une ébauche de l’analyse d’impact réalisé par la Commission et consultée par EurActiv.com, montre que les émissions de gaz à effet de serre produites par les biocarburants issus d’huile de palme, de soja ou de colza pourraient être supérieures à celles des carburants fossiles, si l’on prend en compte des facteurs plus larges.
Une situation liée au fait que les forêts tropicales sont souvent déboisées et les marais asséchés, afin de compenser les terres utilisées ailleurs pour les biocarburants, un processus connu sous le nom de «changement d’affectation des sols indirect » (CASI).
« Personnellement, j’ai toujours été très prudente face aux biocarburants », a déclaré Connie Hedegaard lors d’un entretien accordé à EurActiv.com. « Il est très intéressant de prendre en compte le potentiel des nouvelles technologies, mais nous devons être très prudents, en Europe, pour éviter de développer un secteur qui pourrait avoir des conséquences négatives après un certain temps. »
Elle a déclaré que la Commission ne revenait pas sur son engagement de 10 % de biocarburants d’ici 2020 pour les transports, fixé dans le cadre de la directive sur les énergies renouvelables, mais qu’elle appelait simplement à la prudence dans la mesure où cette technologie est encore en pleine évolution.
Une technologie « pas si développée »
A propos des politiques européennes et des effets de la production de biocarburants sur le monde en développement, Mme Hedegaard a appelé à la prudence.
Dans ses directives sur les biocarburants (2003) et sur l’énergie renouvelable (2009), la Commission a soutenu l’introduction de carburants d’origine végétale pour les transports et l’énergie. Ces initiatives s’inscrivaient dans la volonté européenne de réduire les émissions de dioxyde de carbone et d’autres polluants pour 2020.
Les politiques se sont toutefois heurtés à des critiques virulentes dans la mesure où les biocarburants ne s’avèrent pas aussi efficaces que prévu pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Leurs cultures pourraient en outre porter atteinte à l’écologie et à la production alimentaire des pays en développement, premiers exportateurs de carburants végétaux.
« Prendre en compte l’affectation des sols »
Mme Hedegaard, commissaire depuis deux ans, a affirmé : « les connaissances et la science derrière ces carburants n’étaient pas si développées à cette époque. Nous tentons à présent de prendre en compte le facteur d’affectation des sols ».
La Commission devrait présenter ses résultats concernant le CASI dans quelques semaines. Selon elle, la Commission « n’a aucun problème avec les biocarburants durables, mais il est vrai que certains biocarburants émettent autant de gaz à effet de serre que les carburants fossiles, sinon plus dans certains cas ».
« Et bien sûr, cette stratégie n’est pas pertinente, dans la mesure où nous demandons aux États membres de remplacer les carburants fossiles par quelque chose qui n’est pas mieux. »
Le prix à payer
Dans le même temps, deux rapports publiés jeudi 2 février par les groupes des Amis de la Terre et ActionAid laissent entendre que les biocarburants ont un rôle quasi insignifiant dans la lutte contre le changement climatique. Les textes précisent également qu’ils augmentent les prix du carburant pour les automobilistes européens, obligés de payer 18 milliards d’euros supplémentaires, chaque année, pour l’essence et le diesel.
Ces recherches prévoient que, d’ici à 2020, le prix du bioéthanol au litre coûterait entre 0,19 et 0,41 euro de plus que l’essence. Le biodiesel vaudra quant à lui entre 0,35 et 0,50 euro de plus par litre. Cette étude a été menée par le projet Global Subsidies Initiative de l’Institut international pour le développement durable et par l’Institut de recherche de sciences financières de l’université de Cologne (FiFo).
Si ces coûts sont assumés par les consommateurs, d’ici à 2020, les coûts supplémentaires annuels devraient atteindre entre 1,25 et 2,28 milliards d’euros pour les automobilistes britanniques et entre 1,37 et 2,15 milliards d’euros pour les conducteurs allemands. Les auteurs de cette étude estiment pourtant que les subventions agricoles du gouvernement destinées à la production de biocarburants en Allemagne représentent quelque 370 millions d’euros.
« Mauvaise politique verte »
« Les consommateurs et les contribuables européens sont condamnés à payer le prix d’une mauvaise politique verte qui ne présente aucun avantage pour l’environnement », a déclaré Robbie Blake, un militant des Amis de la Terre Europe.
« Les automobilistes et l’environnement feront les frais de ces objectifs inconsistants pour les biocarburants, avec des prix supérieurs à la pompe et des émissions de CO2 plus élevées.
Parmi les 27 États membres de l’UE, les frais cachés des biocarburants pour la période 2010-2020 pourraient atteindre 126 milliards d’euros, selon le rapport.
Suite aux critiques sur le fait que les biodiesels importés des pays en développement affectent les sols et l’eau et détournent l’attention portée aux cultures vivrières au profit des cultures destinées aux carburants, les politiques européennes encouragent l’utilisation de sources plus durables, comme les résidus d’huile végétale issus de la restauration ou de la production industrielle.
Source : EurActiv.fr
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