Fonction émergente, le BIM manager est encore un métier protéiforme. Chargé de coordonner les échanges entre les différents intervenants autour d’une maquette numérique, les premiers BIM managers sont plutôt des architectes ou des ingénieurs expérimentés volontaires pour se former à ces nouveaux outils.
Selon le référentiel des métiers de l’OPIIEC*, le BIM manager «développe et met en place le processus BIM (Building information modeling – maquette numérique) afin de faciliter la conception, coordonner les différentes phases de construction et optimiser l’exploitation de l’ouvrage tout au long de son cycle de vie. Il assure la communication et le travail collaboratif entre les acteurs du projet à travers la mise en commun d’une plateforme.» Bref, c’est le chef d’orchestre de la maquette numérique : il doit à la fois s’assurer que les outils sont en place et fonctionnels et que les personnes les utilisent correctement et qu’elles communiquent entre elles.
Premiers postes et premières formations
Les premiers postes créés datent à peu près de 2012-2013. Ils ont été initiés parce que certains maîtres d’ouvrage voulaient commencer à tester la maquette numérique sur quelques projets, les entreprises ont dû suivre et nommer quelqu’un pour superviser et organiser la mise en place des outils, des compétences et la nouvelle organisation du travail. Du coup, il fallait des profils qui connaissent bien le métier et qui soient partants pour se former à ces nouvelles technologies. Petit à petit, le BIM a infusé le monde du BTP et aujourd’hui en France, le rapport d’étape du Plan Transition numérique dans le bâtiment, publié en mars 2018, affirme que «à la fin de l’année 2017, 35 % de l’ensemble des acteurs du BTP considéraient avoir une connaissance suffisante du BIM, en forte progression puisqu’ils n’étaient que 15 % par rapport à fin 2016». Evidemment, ce taux est très variable selon la taille des entreprises et leurs métiers. Autant en maîtrise d’oeuvre (bureaux d’études, architectes), l’emploi des maquettes numériques est généralisé, notamment pour la conception, et se développe donc facilement vers la réalisation voire parfois l’exploitation autant il peut être moins évident pour certains métiers opérationnels où les outils traditionnels et la culture de l’expérience terrain sont fortes.
Pour accompagner cette montée en puissance, des formations spécifiques se créent. A tous les niveaux de compétences : depuis le Mastère Spécialisé® BIM : conception intégrée et cycle de vie du bâtiment et des infrastructures de l’ESTP qui propose 400h de formation à des professionnels qui ont déjà une dizaine d’années d’expérience et qui veulent devenir BIM manager à l’intégration de modules BIM dans les formations d’ingénieurs BTP, de techniciens ou d’architectes tant en formation initiale que continue.
Polyvalence, curiosité, compétences relationnelles
Mais attention, le BIM ne créé pas d’emplois. Selon une étude** de l’OPIIEC de juillet 2016 «il apparaît que le BIM ne devrait pas créer de besoins supplémentaires en recrutement mais que les entreprises vont recruter des collaborateurs déjà formés au BIM pour accompagner leur montée en compétences en remplaçant les départs à la retraite ». Le BIM devient donc un atout pour l’embauche et pour la valorisation du salaire. En apportant une transformation du travail et des relations entre les travailleurs avec une forme plus collaborative autour de nouveaux outils, il oblige les ingénieurs et cadres du BTP notamment à développer de nouvelles compétences. Pour les BIM Manager : aptitude à la pédagogie et facilité avec les relations humaines car le BIM manager est au coeur de la transmission des savoirs en la matière et doit savoir fédérer et animer des équipes, capacité et volonté à maintenir une veille technologie impliquant d’être pro-actifs dans la recherche d’information et a minima lire couramment l’anglais. Mais le BIM manager doit aussi être adaptable. Car les limites de son poste sont différentes d’une entreprise à l’autre, et vont certainement bouger au fil du temps : selon les capacités d’autonomie des autres collaborateurs, le BIM manager aura plus des fonctions vers l’extérieur qu’en interne où il sera plus orienté vers la gestion de données que vers le support technologique ou encore il mutera vers l’intégration d’autres nouveaux outils : robotisation, intelligence artificielle, réalité augmentée etc. Et, pour les PME qui n’ont pas la chance d’avoir en interne les compétences et qui doivent répondre à des projets BIM, on voit apparaître une offre de sous-traitance des compétences BIM pour de l’accompagnement ou de la gestion de projets via des bureaux de conseils. Un lieu privilégié d’embauche de profils «BIM manager».
Sophie Hoguin
*Observatoire Paritaire de l’Informatique, de l’Ingénierie, des Etudes et du Conseil
**KYU Lab pour OPIIEC –Etude sur l’évolution de l’ingénierie française de la construction liée au BIM -juillet 2016
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE