Pour de nombreux automobilistes, la voiture connectée est synonyme d’aide à la conduite. Pour la majorité des Français, ces échanges de données avec des capteurs placés sous le bitume et dans les véhicules permettront d’éviter les embouteillages, d’avoir un meilleur rendement énergétique et d’améliorer la sécurité.
« Mais les véhicules peuvent en dire long sur les conducteurs, bien plus qu’ils ne l’imaginent. Il faut les informer et se mobiliser pour une réglementation qui leur permette d’être protégés et de rester maîtres de leurs données », demande Didier Bollecker, président de l’ACA (Automobile club association).
Or, selon une étude menée par Research Now pour la FIA (Fédération internationale de l’automobile) en 2015, de multiples données sont transmises sur le profil du conducteur : sa conduite, la localisation du véhicule, les informations personnelles émanant du smartphone directement au constructeur. De quoi inquiéter l’automobiliste : 84 % de nos compatriotes redoutent l’utilisation des données à des fins commerciales. La même proportion craint le piratage de celles-ci et la divulgation d’informations personnelles.
Face à cette menace, la CNIL a décidé de lancer les travaux du pack de conformité « véhicule connecté ». Ce pack proposera des lignes directrices, pour une utilisation responsable des données dans les prochaines générations de voitures.
Lancés il y a deux ans, ces packs sont des guides des « bonnes pratiques » rappelant les obligations légales et simplifiant les formalités administratives.
En quelque sorte une « boîte à outils » de la conformité spécifique au véhicule connecté.
Ce pack de conformité permettra aussi de déterminer à qui appartiennent les informations « produites » par les équipements connectés : au constructeur, à l’automobiliste, aux fabricants des appareils connectés… ? Parallèlement à ces travaux de la CNIL, la Fédération Internationale de l’Automobile a d’ailleurs lancé une campagne intitulée « My Car My Data » destinée à sensibiliser les automobilistes sur les données qu’ils émettent tout en permettant davantage de liberté au niveau de leur utilisation.
Pour Éric Antibi, directeur technique NetApp France, « la connectivité automobile ne fonctionnera que si la collecte, l’accessibilité et l’analyse des données sont gérées et pensées correctement, sous-tendues par des technologies adéquates pour gérer le stockage des données, suffisamment évolutives pour accompagner le développement de nouvelles fonctionnalités. » De son côté, la FIA estime que les consommateurs devraient pouvoir choisir le fournisseur des services numériques intégrés aux voitures connectées, plutôt que d’être prisonniers d’accords passés entre le fabricant et un opérateur de télécoms.
Reste à convaincre les constructeurs automobiles. « Ils pensent qu’il ne serait pas approprié que l’UE établisse des règles supplémentaires et spécifiques pour la protection des données liées aux services et véhicules connectés. Aucun autre secteur ou produit, même pas les smartphones ou les ordinateurs, qui traitent pourtant un grand nombre de données personnelles, ne sont soumis à une législation spécifique », a déclaré un porte-parole de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).
Philippe Richard
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