La cérémonie des Ig Nobel vient chaque année bousculer avec beaucoup d’humour la très conventionnelle et poussiéreuse saison des Nobel, en mettant sur le devant de la scène les découvertes scientifiques les plus absurdes, les plus décalées, voire les plus nuisibles d’entre elles. La cuvée 2014 – dont nous vous avons parlé ici – fut un excellent cru, et nous encourage à nous replonger dans vingt-quatre années de prix parodiques, et ce de manière très exhaustive tant les palmarès regorgent de pépites hilarantes.
Mettez les pieds sous la table, nous avons compilé pour vous la crème de la crème des Ig Nobel, classés par catégories. Pour commencer, gros plan sur les IG Nobel… de la paix.
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1993 : pour avoir lancé dans l’archipel une campagne promotionnelle complètement ratée en 1992, l’Ig Nobel 1993 de la paix revint à Pepsi-Cola Philippines. Une loterie à succès dans un pays où la fièvre du jeu est grande, des numéros sous chaque capsule, des prix allant jusqu’à un million de pesos… Près de 31 millions de personnes auraient participé au jeu, soit plus de la moitié de la population. Problème : plus de 800 000 vainqueurs, à cause d’un gros cafouillage. Les émeutes qui suivirent firent trois morts, plus de 40 camions de la compagnie américaine furent incendiés et un grand nombre des dirigeants locaux durent quitter le pays.
Quelques capsules du jeu concours
- 1996 : c’est un de nos anciens présidents de la République qui remporte l’Ig Nobel de la paix, pour avoir eu la bonne idée de célébrer le cinquantième anniversaire des bombardements américains sur Hiroshima et Nagasaki en autorisant une dernière campagne d’essais nucléaires sur les atolls de Moruroa et de Fangataufa, en Polynésie Française. Oui, Jacques Chirac a bien eu droit à son (Ig) Nobel.
- 1999 : les Sud-Africains Charl Fourie et Michelle Wong ont reçu la récompense parodique pour avoir mis au point Blaster, un antivol pour voitures tout à fait particulier. Face aux problèmes grandissants d’insécurité et de car-jacking que connaît le pays, rien de tel qu’un bon coup de lance-flammes pour se mettre en confiance, surtout lorsque le bouton-gâchette se trouve tout près de la pédale d’accélérateur. Dans un pays où l’usage de la « force mortelle » est autorisé dans le cadre de la légitime défense, plusieurs centaines d’exemplaires ont été vendus (chiffres datant de 2001), et seulement quelques Blasters seraient encore en circulation.
- 2002 : cette édition a couronné les Japonais Keita Sato (président du fabricant de jouet Takara), Matsumi Suzuki (président du laboratoire acoustique du Japon) et Norio Kogure (responsable de l’hôpital vétérinaire Kogure), pour avoir développé un appareil de traduction chien – homme, assurant ainsi « la paix et l’harmonie entre espèces ». Le nom du gadget ? Le « Bow-lingual », dont le fonctionnement suivrait (selon les dires des concepteurs) le principe d’un analyseur émotionnel, classant les aboiements de nos chers animaux de compagnie en six catégories émotionnelles standardisées et distinctes. Pour savoir si notre ami à quatre pattes est heureux, triste, frustré ou encore s’il est en manque d’affection, « Bow-lingual » enregistre l’aboiement et le compare avec un bon millier d’autres aboiements présents dans la banque de données de l’appareil.
Une version pour chat, le « Meowlingual », toujours développée par le fabricant japonais Takara, est même sortie en 2003 :
- 2006 : cette année, c’est le Britannique Howard Stapleton qui peut se targuer d’avoir remporté l’Ig Nobel de la paix, pour avoir mis au point le tristement célèbre « Mosquito », ce dispositif de harcèlement acoustique émettant des sons à très hautes fréquences, destinés à disperser les attroupements indésirables. Selon le concepteur, le son serait insupportable pour toute personne de moins de 25 ans (y compris pour un fœtus dans le ventre de sa mère, ainsi que pour les bébés…), du fait de la dégradation de l’audition avec l’âge. Howard Stapleton aurait d’ailleurs confessé avoir utilisé ses cinq enfants comme cobayes, puisqu’il était incapable d’entendre seul l’appareil…
Ce « répulsif sonore anti-jeunes » divise toujours autant aujourd’hui :
- 2008 : l’Ig Nobel de la paix est venu récompenser le comité d’éthique sur la biotechnologie non-humaine de la Confédération suisse, ainsi que les citoyens suisses, pour avoir adopté légalement l’idée que les plantes avaient une dignité. Un temps d’avance, les Suisses.
- 2011 : c’est ensuite au sémillant maire de Vilnius, Arturas Zuokas, que reviennent ces parodiques lauriers de la paix. Le maire de la capitale lituanienne est récompensé pour sa gestion extrêmement intelligente et mesurée du problème de stationnement illégal en ville. En effet, il avait été filmé à bord d’un char d’assaut, hilare, écrasant littéralement une voiture mal garée pour mener à bien sa campagne médiatique. Jugez plutôt :
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A venir : le best of des IG Nobels… de médecine
Par Rahman Moonzur
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