Le règlement (CE) n°443/2009 vise des émissions moyennes de 130 grammes de CO2 par kilomètre (5,2 L/km) pour les véhicules particuliers neufs vendus en Europe en 2015. Ce règlement ne fixe pas d’objectifs au-delà, ce qui est le défi d’un nouveau règlement pour construire l’avenir de l’automobile.
Un projet de règlement de la Commission européenne prévoit d’atteindre 95 grammes d’émissions de CO2/km (3,7 L/km) en 2020 pour les véhicules particuliers neufs. L’objectif « se décline pour chaque constructeur selon le poids des véhicules […], ce qui n’incite pas à l’allègement des véhicules qui est pourtant l’une des voie les plus aisées pour réduire les émissions liées aux véhicules », regrette Lorelei Limousin, Chargée de mission Climat-Energie au sein du Réseau Action Climat France. Le poids moyen des véhicules vendus en Europe a atteint en 2011 « le poids des véhicules vendus en 2003 », s’insurge-t-elle. La puissance et le poids moyen des voitures ne cessent d’augmenter. Les progrès en termes de motorisation ont donc été pour partie annulés par ces hausses.
La masse et la puissance du véhicule jouent énormément sur sa consommation. En bridant la puissance des voitures à 130 km/h, qui est simplement la vitesse maximale autorisée sur autoroute dans la plupart des pays européens, la consommation des véhicules pourrait baisser de 40% en ville. Les constructeurs sont opposés à cette décision car ils disent vouloir vendre leurs voitures en Allemagne où il n’y a pas de limitations de vitesse sur certaines portions d’autoroute. Une législation européenne harmonisée est donc souhaitable.
Le texte prévoit déjà plusieurs dérogations
Le projet de règlement prévoit la possibilité d’obtenir des super-crédits, un véhicule électrique comptant, par exemple, pour plusieurs véhicules dans le calcul des émissions. Les « éco-innovations » font aussi gagner des crédits et les très petits constructeurs peuvent obtenir des dérogations. « À cause de toutes ces flexibilités, l’objectif de 95 grammes risque d’être dilué considérablement », prévient Lorelei Limousin. « Si on a par exemple 5% de véhicules électriques vendus en 2020 et que l’on a un facteur de 2,5 comme le souhaitent et font pression les constructeurs allemands à Bruxelles, on a une dilution de l’objectif de 95 grammes d’environ 10 grammes », explique-t-elle.
Pour maintenir la hausse des températures à 2°C et limiter la concentration de CO2 dans l’atmosphère à 450 ppm, les émissions des véhicules neufs devraient se limiter à 74 gCO2/km en 2020 et 60 gCO2 en 2025. Dans cette perspective, le Réseau Action Climat milite pour un objectif d’émissions de 80 gCO2/km à l’horizon 2020.
Quid des 2 litres aux 100 km ?
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a créé la surprise à l’occasion de la Conférence Environnementale de septembre 2012 en invitant les constructeurs à atteindre l’objectif de 2 litres de consommation aux 100 kilomètres. Pour l’instant, aucune orientation n’a encore été fixée. De quel véhicule parle-t-on ? « Petit véhicule ou véhicule familial », « quel prix », « quel lieu d’assemblage » ? Parle-t-on d’un seul véhicule ou d’une « gamme de véhicule » ? s’interroge Bernard Jullien, directeur du Gerpisa, le réseau international de l’automobile. Affaire à suivre, donc.
D’ores et déjà, « PSA et Toyota ont atteint leur objectif 2015 et sont facilement en train d’atteindre leurs objectifs 2020 », se félicite Loreleil Limousin, ce qui n’est pas le cas de tous les constructeurs.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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