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Décryptage

Automobile : vers des fermetures d’usines inévitables

Posté le par Matthieu Combe dans Entreprises et marchés

Les plans sociaux se multiplient dans le secteur de l’automobile. PSA prévoit par exemple 8.000 suppressions d’emplois. Pourquoi cela va-t-il si mal ? La question a été abordée lors d’un colloque sur l’avenir de la filière automobile face aux contraintes écologiques et sanitaires à l’Assemblée nationale.

Le marché européen a diminué de 7,3% sur 11 mois par rapport à 2011 et la baisse continue. Si la capacité de production est de 17 millions de véhicules par an, le marché est de 12 à 13 millions par an. « Une usine est rentable quand elle tourne à environ 80% de sa capacité », estime François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d’automobile. « Actuellement, l’activité des constructeurs généralistes est au mieux de 60% pour certains et 40% pour d’autres donc ce n’est pas économiquement viable.   Dans ce contexte, les fermetures d’usines apparaissent inévitables.

Si le secteur automobile français emploie 450.000 personnes, la production hexagonale ne représente que 3% de la production mondiale. Cela représente 2 millions de voiture chaque année pour un total de 75 millions d’unités. La crise actuelle du secteur pose « la question de son adaptation au contexte actuel », estime Philippe Coulomb , Président d’Agir pour l’environnement.

Les véhicules neufs sont aujourd’hui tellement chers que seuls les ménages de plus de 50 ans, qui sont propriétaires, peuvent se les offrir. Ce n’est pas pour rien que l’âge moyen d’un acheteur d’automobile neuve est de 54 ans en France et celui d’un autopartageur de 35 ans ! Chaque année, 1,2 millions de voitures neuves sont vendues en France, à opposer à la vente de 5 millions de véhicules d’occasion.

Un modèle à repenser

« La saturation du marché, la saturation des voies de circulation, les contraintes liées à l’entretien, les crises et les catastrophes pétrolières, les inquiétudes sur les effets du dérèglement climatique et les alertes sanitaires liées à l’impact du diesel » remettent en cause le modèle du tout voiture hérité du siècle passé, estime Philippe Coulomb. « Il nous faut sans doute repenser le style de mobilité que nous souhaitons et ensuite seulement adapter l’outil de production aux nouveaux besoins identifiés », poursuit-il.

Le futur de l’automobile ne se joue pourtant pas en Europe, où le parc est saturé et où les citoyens sont majoritairement dans un système de renouvellement. Ce futur se joue dans les pays émergents. Importerons-t-ils notre modèle ?

Quelles ressources pour une voiture ?

Pour fabriquer une voiture, il faut 20 fois plus de matières que son poids. Une voiture de 1,5 tonne nécessite ainsi l’extraction de 30 tonnes de matériaux. Mais les voitures demandent surtout du pétrole ! 90% des transports fonctionnent au pétrole. À eux seuls, ils absorbent 70% de la consommation de produits pétroliers, très loin devant les bâtiments (17%) et l’industrie (8%). L’automobile consomme 46% de ce pétrole, les poids lourds et véhicules utilitaires légers 30%, l’avion 14%, le reste étant attribué au maritime et au ferroviaire.

Les automobiles font aussi pression sur les sols, notamment via les infrastructures de transports et l’artificialisation des sols. Les espaces artificialisés occupent aujourd’hui 10% du territoire national, dont environ la moitié pour les infrastructures de transport. 18% de l’empreinte écologique d’un Français est due aux transports.

Par Matthieu Combe, journaliste scientifique

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