Aucun accord à l’issue de la semaine de négociation. Les plus de 170 pays réunis à Busan en Corée du Sud n’ont pas réussi à s’entendre sur l’instauration d’un traité mondial de lutte contre la pollution plastique. La cinquième et celle qui devait être la dernière session de la réunion du Comité intergouvernemental de négociation (CIN), officiellement lancé en 2022 afin de formaliser un texte final, a été ajournée. À l’origine, l’objectif était de parvenir à un document juridiquement contraignant pour les pays signataires et basé selon une approche globale couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, y compris en milieu marin.
Dimanche 1er décembre, plusieurs pays ont demandé l’arrêt des pourparlers et la convocation d’une nouvelle réunion à une date ultérieure. Selon Luis Vayas Valdivieso, le diplomate équatorien qui préside les négociations : « Plusieurs questions critiques nous empêchent toujours de parvenir à un accord général. Ces questions non résolues demeurent épineuses, et plus de temps sera nécessaire pour les résoudre de façon efficace ».
Au cours d’une conférence de presse, Olga Givernet, la ministre française de l’Énergie, a déclaré : « Nous sommes inquiets de l’obstruction continue de [certains] pays ». Emmenés par la Russie, l’Arabie Saoudite et l’Iran, plusieurs États pétroliers bloquent en effet les négociations et s’opposent à l’adoption de mesures de contrôle de la production de plastique. Ils considèrent que la pollution ne commence que lorsque le plastique est devenu un déchet et c’est donc en améliorant la collecte et le recyclage qu’il sera possible, selon eux, d’y mettre fin.
Les États-Unis et la Chine dans le camp des indécis
En face, un groupe très majoritaire, porté par un collectif appelé HACEPP (High Ambition Coalition to End Plastic Pollution), réunit une soixantaine de pays parmi lesquels la France et l’UE. Cette « Coalition des hautes ambitions » plaide au contraire pour la rédaction d’un texte ambitieux, qui couvre chaque étape du cycle de vie des plastiques allant de la production, la consommation et le recyclage ou le traitement des déchets. Surtout, elle souhaite que le texte final contienne une réduction chiffrée de la production de plastique. À l’issue de cette session, ils seraient même une centaine de pays à soutenir cette position, sauf que les États-Unis et la Chine, les deux premiers producteurs de plastique dans le monde, restent dans le camp des indécis.
Les discussions devraient reprendre l’année prochaine sur la base du projet de texte en cours de rédaction, mais aucun nouveau cadre formel n’est à ce stade annoncé. « La réunion de cette semaine a permis de réaliser des progrès importants vers la conclusion de l’accord que le monde exige, a souligné Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Grâce aux discussions de Busan, les négociateurs sont parvenus à un plus grand degré de convergence sur la structure et les éléments du texte du traité, ainsi qu’à une meilleure compréhension des positions des pays et des défis communs. Mais il est clair que des divergences persistent dans des domaines critiques et qu’il faut plus de temps pour les résoudre. »
Entre 2000 et 2020, la production mondiale de matières plastiques a quasiment doublé, passant de 234 à 435 millions de tonnes. Selon un travail de modélisation réalisé par l’OCDE, elle pourrait augmenter de 70 % à l’horizon 2040 et atteindre 736 millions de tonnes, si rien n’est fait. L’organisation considère que : « des solutions partielles ne résoudront pas le problème de la pollution plastique. En mettant exclusivement l’accent sur la gestion des déchets, sans réduire la production et la demande, on ne réduirait les rejets de plastique dans l’environnement que de 55 % d’ici à 2040 par rapport au scénario de référence. »
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