Ce n’est pas une première puisqu’un tel système de récupération de chaleur via une pompe à chaleur est en opération… à Paris, depuis novembre 2018. Sauf peut-être par sa dimension, puisque le projet londonien entend alimenter près d’un millier de logements et d’entreprises dans ce cadre d’ici la fin de l’année à partir de la chaleur de la Northern Line, l’une des plus vieilles lignes du « Tube » londonien.
L’origine du projet, dénommé Bunhill Heat and Power Network, remonte à 2012, juste avant que Londres adhère au projet européen Celsius Smart Cities * (doté de 26 millions d’euros et qui devait courir jusqu’en 2017), avec comme partenaire, Transport for London (le STIF londonien), ainsi que la mairie d’Islington et le réseau électrique UK Power Network. A noter que c’est l’actuel Premier ministre britannique Boris Johnson lui-même qui a donné le feu vert quand il était le maire de la Greater London Authority, la super-mairie de Londres.
Un projet en deux étapes
Après une première phase de travaux dédiés à raccorder des logements sociaux à un réseau de chaleur (quelque 800 équivalents-logements), notamment grâce à la cogénération gaz installée localement, Bunhill Heat and Power Network a décidé de profiter d’un puits d’aération de la Northern Line afin de récupérer l’énergie et de l’injecter sous-forme d’eau chaude dans le réseau afin d’étendre ce dernier à plus de 500 habitats, dont nombre de logements sociaux. Le projet repose sur la création d’un nouveau puits d’aération couplé à une pompe à chaleur de 1 MW. Le bureau d’étude Ramboll chargé du dossier de faisabilité, puis de la mise en œuvre, estime que quelque 1 350 équivalents-logements pourront être alimentés grâce à la récupération d’énergie du métro.
Chaud et froid
L’air chaud rejeté dans l’atmosphère par le « Tube » est compris entre 18°C et 28°C, la pompe à chaleur portera cette température autour de 70°C avant d’être injectée dans le réseau de chaleur. La pompe à chaleur permettra en outre de fonctionner en mode climatisation pour rafraîchir les tunnels du métro durant les période d’été, quand le chauffage est coupé dans les logements.
Le projet prévoit d’ajouter deux micro-cogénération afin de fournir la chaleur quand ce sera nécessaire, et l’électricité pour alimenter la pompe à chaleur, quand les livraisons électriques sur le marché seront plus chères, afin de réduire le coût pour les utilisateurs du réseau de chaleur.
Comme le rappellent les acteurs de ce projet londonien, il y a suffisamment de chaleur « perdue » à Londres pour délivrer 38% des besoins en chauffage de la ville. En outre, le gouvernement a décidé d’interdire à partir de 2025 les chaudières à gaz dans les nouveaux bâtiments. Quasiment la moitié de l’énergie britannique est utilisée pour produire de la chaleur, et le chauffage représente un tiers des émissions de CO2 du pays. La quête de solutions énergétiques bas carbone fait donc rage outre-Manche.
L’exemple parisien
A Paris, c’est la RATP et Paris Habitat, grand acteur du logement social en Île-de-France avec près d’un habitant sur dix, qui ont installé une pompe à chaleur en 2017 dans les sous-sols d’un bâtiment construit dans les années 1930 situé dans le 4e arrondissement. Elle filtre et achemine l’air chaud du tunnel du métro de la ligne 11 qui circule quelques mètres plus bas. Cela produit de l’énergie qui permet d’apporter 35% des besoins en chauffage des 20 logements de l’immeuble. La RATP s’est engagée à réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025.
* Ce programme européen vise à transférer les expériences en matière de réseaux de chauffage à partir de récupération d’énergie. Les villes partenaires, fondatrices du projet, sont les suivantes : Göteborg, Cologne, Rotterdam, Londres et Gênes.
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