Tombé au champ d’honneur pour la Tokyo Electric Power Company. Le tristement célèbre exploitant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima a abandonné l’idée de pouvoir récupérer leur robot explorateur polymorphe, envoyé dans les entrailles de l’enceinte de confinement primaire du réacteur numéro 1 de la centrale de Fukushima Daiichi. En cause : la radioactivité démesurée qui régnerait plus que jamais à l’intérieur de l’épais sarcophage.
Un robot explorateur envoyé au casse-pipe
Le robot de 60 centimètres de long, développé par le géant japonais de l’électronique Hitachi et sa filiale Hitachi-General Electric pour l’énergie nucléaire (Hitachi-GE Nuclear Energy), est entré dans l’enceinte de confinement primaire du réacteur numéro 1 à 9h25 le 10 avril, pour ne plus donner de signes de vie vers 14h (heure locale).
Première de ses cascades, le serpent robotique a tout d’abord dû se faufiler gaillardement à travers une canalisation de seulement 10 centimètres de diamètre. Réchauffés par ce premier succès, les techniciens japonais tentent alors un scénario à la Mission Impossible : suspendre le robot téléguidé au dessus du vide, tel un Ethan Hunt électronique, avant d’atteindre la plate-forme en contrebas, se situant juste en dessous de la partie inférieure du cœur du réacteur, une zone baptisée par les ingénieurs de la Tepco « le piédestal ».
Le serpent robotique est articulé de telle manière qu’il puisse se transformer en un petit véhicule sur chenilles, sorte de petit char d’assaut multifonction en forme de « U ». Introduire un appareil télécommandé dans l’enceinte confinée du réacteur ne fut donc pas chose aisée, et c’est d’ailleurs la première fois depuis 2011 qu’un robot pénètre à l’intérieur de ce sanctuaire.
« Pas de dégâts majeurs des principaux équipements »
Les ingénieurs japonais semblent néanmoins satisfaits de la prestation du petit bolide, qui ne serait pas mort en vain. En près de 4h30 de mission officielle, le robot explorateur serait parvenu à examiner quatorze des dix-huit points d’inspection, offrant des images inédites et effectuant un grand nombre de relevés. Le succès des ingénieurs, partis à la recherche de données cruciales, doit toutefois être relativisé, tant ces fameux relevés de radioactivité sont alarmants.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les relevés font état d’une radioactivité allant de 6 sieverts par heure à près de 25 sieverts par heure, quantités mortelles pour tout être humain en moins d’une heure. Pire, les Japonais ne savent toujours pas où est passé le combustible fondu du réacteur 1 (ni celui des réacteurs 2 et 3). Pourtant, à entendre le porte-parole de Tepco lors d’une conférence de presse ce lundi, l’exploitant de la centrale n’a pas « repéré de dégâts majeurs des principaux équipements ». Une nouvelle incursion, utilisant une autre voie d’accès, devrait être tentée d’ici peu.
Par Moonzur Rahman
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