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ATOS : un leader mondial aux abois

Posté le 5 mars 2024
par Philippe RICHARD
dans Entreprises et marchés

Entre changements de direction, conflits d’actionnaires et mauvais choix stratégiques, l’avenir d’Atos s’assombrit. Pour le gouvernement français, le dossier est délicat, car le groupe informatique français joue un rôle essentiel dans la contribution à la dissuasion nucléaire et à la sécurité de la France. C’est aussi le prestataire informatique de Paris 2024…

Péchiney, Arcelor, Alstom, Alcatel… et Atos. À la rubrique « nos fleurons qui disparaissent », « le leader mondial de la transformation numérique » – comme il se présente sur son site – va-t-il à son tour disparaître ou être démantelé ? Le groupe est en effet plombé par 5 milliards d’euros de dette !

Dans une interview au quotidien les Échos publiée le 5 février dernier, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire a indiqué : « Nous ne laisserons pas tomber les activités industrielles d’Atos qui représentent des dizaines de milliers d’emplois. (…) L’État utilisera tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques. »

Dirigée pendant 10 ans (2009 à 2019) par Thierry Breton, actuel commissaire européen, chargé du marché intérieur, Atos est une entreprise de services numériques qui, grâce à son expertise et à sa présence mondiale, joue un rôle crucial dans la dissuasion nucléaire et la sécurité de la France.

Fondé en 1997, le groupe s’est rapidement imposé comme un leader mondial dans son domaine après avoir racheté les activités informatiques de l’industriel allemand Siemens et de Xerox. En 2018, il avait déboursé 3,4 milliards pour mettre la main sur Syntel, un spécialiste du digital.

Le plus puissant supercalculateur Europe

Grâce à ses compétences technologiques avancées, l’entreprise offre des solutions innovantes pour renforcer la dissuasion nucléaire. Ses services comprennent notamment la gestion des systèmes d’information stratégiques, la protection des données sensibles et le développement de technologies de pointe.

Atos collabore étroitement avec les forces armées françaises pour assurer une sécurité optimale.

Dans le domaine de la dissuasion nucléaire, Atos offre une gamme complète de solutions, allant de la gestion des systèmes de communication aux infrastructures sécurisées. Ces services garantissent une coordination efficace et fiable entre les différentes composantes du système de défense nucléaire français.

Autant d’expertises qui séduisent des entreprises et des pays. En octobre dernier, le groupe d’informatique a décroché Jupiter, un contrat de 500 millions d’euros pour la fabrication, avec l’allemand ParTec, d’un supercalculateur, le plus puissant jamais livré en Europe.

Assemblés près d’Angers, les ordinateurs à haute performance (high performance computing, HPC) d’Atos représentent un atout majeur pour la souveraineté de la France.

Vendus plusieurs centaines de millions d’euros, ils sont indispensables aux besoins de calculs des services de météorologie, des centres de recherche, notamment en intelligence artificielle ou en sciences des matériaux, ou de certains industriels, comme EDF, Total ou Airbus en France.

Et malgré ce haut niveau d’expertise, une vente à la découpe est sérieusement envisagée. Début 2024, le groupe a annoncé être entré en discussions avec Airbus pour la cession de ses activités de cybersécurité regroupées au sein de sa branche big data et cybersécurité (BDS).

À quelques mois des JO, les difficultés d’Atos inquiètent. Un bug par exemple au niveau de la billetterie (13,5 millions de billets seront émis) ou une cyberattaque très bien orchestrée ou puissante durant cet événement planétaire aurait un impact désastreux sur le groupe.

« On peut imaginer des attaques contre le chronométrage ou le système antidopage, voire le transport ou la billetterie. Bref, tout ce qui permettrait de créer des perturbations visibles », précise Vincent Strubel, le directeur de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).

Lors des Jeux olympiques d’hiver en 2018, en Corée du Sud, un virus informatique baptisé Olympic Destroyer avait infecté plusieurs systèmes informatiques gérés par Atos… Le groupe avait rapidement identifié et stoppé la menace.


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