La start-up NewWind, qui a enthousiasmé l’ex-Ministre du redressement productif et qui remplace les boules des sapins de Noël par des micro-éoliennes, porte plainte contre l’hebdomadaire satirique.
« Arbre à vent, route solaire, la capacité de certains politiques à promouvoir des miroirs aux alouettes énergétiques est sidérante » tonne Thierry Salomon, porte parole de l’association négaWatt. Ceci en réaction au lancement par Ségolène Royal de la construction d’une route solaire en Normandie ainsi qu’à l’article du Canard enchaîné intitulé « L’arbre à vent de Montebourg ? Du vent… ».
Cet ingénieur énergéticien pose une question fondamentale dans une perspective de développement vraiment durable à propos de ces deux innovations très médiatisées : « Une simple question : où sont les études sur le cycle de vie et le temps de retour énergétique (EROI) ? »
L’arbre à vent produit-il (bien) plus d’énergie qu’il n’en consomme ? « Une ACV (Analyse du cycle de vie) sera menée sur la série. Nous ne sommes pas parfaits mais faisons des efforts : bois, chanvre de lin et Steel roots » a déclaré NewWind aux Techniques de l’ingénieur. « Nous revendiquons le droit à nous améliorer, à tester, écouter, corriger, l’innovation c’est du work in progress ».
Thierry Salomon rappelle que « si l’EROI est proche ou inférieur à 1, ces techniques retardent la transition au lieu d’y contribuer ! ». Une remarque potentiellement dérangeante mais absolument essentielle. La meilleure défense sera donc de publier des études environnementales sérieuses.
Qui peut être contre l’innovation ? En fait, pas grand monde. Mais l’innovation peut-elle être sans limite ? Certaines approches sont pipées dans leur conception même. Si un jour un groupe d’ingénieurs propose de tester des éoliennes sur une planète dépourvue d’atmosphère ? Ou si une start-up propose d’installer une centrale solaire sous-marine au fond de La Manche, entre la France et la Grande-Bretagne afin de réduire son impact paysager ? Serait-il judicieux d’y injecter des millions d’euros ?
De l’électricité dans l’air
New Wind a décidé de porter plainte contre le Canard enchaîné, comme en témoigne un communiqué de démenti diffusé le 26 octobre 2016 par la start-up. Le journal fait écho de problèmes de sécurité que poserait l’arbre à vent, problèmes qui ont notamment entrainé l’intervention de l’Apave, spécialiste des risques. La direction de New Wind pense qu’il s’agit d’un coup monté par un salarié en cours de licenciement.
Le journal estime de son côté que « présentée comme une grande innovation » par Arnaud Montebourg, « cette mini-éolienne s’avère dangereuse pour le public, peu productive et chère. L’arbre à vent ne se vend pas. »
Les informations rapportées par le Canard enchaîné dans le domaine de l’énergie ne sont pas toujours pertinentes rappelle Stéphanie Franck, journaliste au sein de la rédaction d’Enerpresse, le quotidien français de l’énergie. L’année dernière le canard affirmait que la moitié des éoliennes françaises ne sont pas raccordées au réseau électrique et donc tournent dans le vide, ce qui est faux.
Le journaliste s’était emmêlé les pâles avec les demandes de permis de construire. Malheureusement la fausse information avait trouvé un écho considérable dans la presse grand public qui bien (trop) souvent ne dispose pas de journalistes scientifiques spécialisés en énergies durables. Cependant les révélations du Canard ne sont pas systématiquement fausses.
Arnaud Montebourg a démissionné de son mandat de président du conseil de surveillance de NewWind en raison de sa candidature à la primaire socialiste pour la prochaine élection présidentielle. Mais il demeure actionnaire. Le socialiste a déboursé 56.000 euros.
L’arbre à vent perdra-il ses feuilles cet hiver ? Ou restera-t-il vert comme le sapin de Noël ? A suivre.
Olivier Daniélo
Jusqu’en 2015 en tout cas, NewWind avait l’intention de sous-traiter la production des arbres à vent en Chine…donc le bilan énergétique global doit être bien mauvais!
J’avais trouvé ça vraiment dommage sur le coup, alors que l’idée des capter les micro-vents m’avaient semblé intéressante.
Réponse à André G.: votre propos est parfaitement exact. Ajoutons que la production électro-éolienne varie à la puissance 3 de la vitesse du vent…
Le gros problème du micro éolien est qu’il n’y a pratiquement pas d’énergie éolienne au ras du sol, le vent étant ralenti par le relief. L’énergie se trouve à quelques dizaines de mètres d’altitude. Donc installer des éoliennes au sol est comme mettre des panneaux solaires à l’ombre !
Bonjour NewWind,
Vive l’innovation française et vive le développement vraiment durable.
Bonne continuation à vous.
OD
Bonjour, en effet, NewWind va lancer une ACV sur les Arbres à Vent de série. De nombreuses pistes d’amélioration sont programmées pour réduire notre bilan carbone. Une structure en bois va être prototypée, des matériaux bio sourcés et le principe allemand du Steel Roots au lieu d’un massif béton. L’innovation prend du temps et de l’argent, chaque levée de fonds rend possible une nouvelle campagne de tests car chaque changement de matériau implique des tests d’usure, de résistance, de vibration et du durabilité (réalisés dans les souffleries du CSTB), etc. Il s’agit aussi de fiabiliser et d’industrialiser au bon coût. Nous avons fait une ACV sur les Aéroleafs de pré série qui sera actualisée sur la série : http://www.newwind.fr/wp-content/uploads/2016/10/NewWind_ACV-screening_102016.pdf.
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