Reprise du contrat
« Nous avons reçu vendredi et samedi les deux premières livraisons de pétrole après la reprise du contrat avec Aramco », a confirmé le 19 mars Hamdi Abdel Aziz à nos confrères de Jeune Afrique. « Nous recevrons deux livraisons supplémentaires les 26 et 27 mars », a-t-il ajouté. Les livraisons d’or noir étaient suspendues par la compagnie pétrolière saoudienne depuis octobre dernier. Or, cet accord est vital pour l’Egypte qui importe 40% de ses produits pétroliers en provenance d’Arabie Saoudite. Le contrat, signé en avril 2016, prévoit la livraison pour 5 ans de 700 000 tonnes de produits pétroliers par mois, pour une valeur de plus de 20 milliards de dollars. Pour faire face au risque de pénurie, le gouvernement avait organisé dès novembre des appels d’offres internationaux pour palier la défection saoudienne. L’Egypte n’avait guère besoin de ça, le pays vivant déjà une crise économique profonde en raison de nombreuses réformes structurelles imposées par le FMI. Pour y faire face, le gouvernement s’est résolu à dévaluer de 47,7% sa monnaie et a annoncé le passage à un régime de change flottant pour tenter de juguler sa crise monétaire.
Enjeux géopolitiques
La suspension des livraisons de pétrole au régime du Caire n’est sans doute pas sans rapport avec les divergences géopolitiques entre l’Arabie Saoudite et l’Egypte, notamment sur le dossier syrien. Ryad voit le départ de Bachar-Al-Assad comme un prérequis indispensable vers la résolution du conflit, tandis que Le Caire a voté en faveur la résolution de la Russie, fervent protecteur du dirigeant syrien, à l’ONU en octobre 2016. Une provocation pour l’Arabie Saoudite qui a soutenu politiquement et financièrement le nouveau président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lorsqu’il avait destitué de force l’islamiste Mohamed Morsi en 2013.
Le fait que les deux alliés traditionnels de la région n’aient pas la même analyse du conflit syrien ne présage en rien une résolution rapide de cette guerre civile qui entre maintenant de sa 7ème année… Pour y mettre fin, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé une nouvelle fois « tous ceux qui ont de l’influence sur les parties à s’efforcer de surmonter leurs divergences et travailler ensemble pour mettre fin au conflit ».
Romain Chicheportiche
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