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Après une crise violente, l’aéronautique française fait preuve de résilience

Posté le 4 juin 2021
par Chaymaa Deb
dans Entreprises et marchés

La crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 a mis l'ensemble du secteur aéronautique à rude épreuve. En 2020, les commandes réduites de moitié ont fait plonger le chiffre d'affaires du secteur. Cependant, différents moyens sont déployés par l’État et les professionnels pour favoriser la reprise après crise, et sortir de la zone de turbulences.

Depuis plusieurs mois, la filière aéronautique française traverse une sérieuse zone de turbulences. La crise économique liée à l’épidémie de coronavirus qui la frappe de plein fouet est d’une rare intensité. Lors de la présentation du bilan 2020 de la filière, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation et président du Groupement des Industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), a déclaré que l’année 2020 avait été « éprouvante pour la filière avec une performance en net recul ». Le bilan annuel du Gifas fait état pour l’année passée d’une régression globale de 28 % du chiffre d’affaires pour l’ensemble du secteur, soit 50,9 milliards d’euros. Dans le même temps, les exportations ont été amputées de 30 %, pour plafonner à 33,6 milliards d’euros.

Certains secteurs ont été plus durement touchés que d’autres, et le plus fragilisé est celui de l’aéronautique civile. « Très touché par la crise », ce dernier a vu le nombre de commandes diminuer de 53 %. Cela équivaut à une perte de 28,2 milliards d’euros. Ce résultat en demi-teinte a été réalisé à 49 % grâce aux exportations. Le Gifas précise que ce fort décrochage intervient « après plusieurs années à très haut niveau de prises de commandes et d’augmentation forte des cadences de production dans l’aéronautique civile ». Les secteurs de la défense et du spatial ont, quant à eux, montré davantage de résistance.

Un « scénario catastrophe » pour la filière aéronautique

La crise que connaît la filière aéronautique depuis près d’un an et demi est inédite. De nombreux emplois ont vacillé sous son poids. « Le secteur n’avait pas connu de crise depuis plusieurs décennies. Même en 2008, on cherchait à recruter et à robotiser pour faire face aux montées en cadence, on pensait que cela allait continuer de monter au ciel », a déclaré à l’AFP Johnny Favre, secrétaire national de la CFDT Métallurgie. L’homme évoque même un « scénario catastrophe ». Le Gifas ajoute que dans cette conjoncture « difficile », 2021 devrait voir se poursuivre l’attrition de l’emploi. Les embauches externes devraient également être très limitées.

Selon l’Observatoire de l’emploi et de l’investissement Trendeo, Air France a annoncé la perte de 7 712 postes en France entre le 17 mars et le 17 septembre 2020. Dans le même temps, Airbus et Daher, le plus ancien constructeur d’avions au monde, ont respectivement mis un terme à 5 797 et 2 700 contrats. De son côté, le Gifas évalue la baisse du nombre d’emplois entre 30 000 et 40 000. Le nombre de recrutements qui s’élevait à 19 000 en 2019 n’était plus que de 6 700 l’année suivante.

Durant cette période, ce sont les PME qui ont été les plus concernées par les baisses d’emplois. Ces entreprises ont vu leurs effectifs reculer de 12 %. En parallèle, ceux des ETI et des grands groupes n’ont respectivement diminué que de 7 % et 2,7 %.

Des soutiens déterminants et indispensables

Bien que la crise soit sévère, la filière aéronautique veut se montrer résiliente. « Notre industrie verra néanmoins en 2021 se produire un nombre significatif d’embauches d’apprentis car nous continuons à investir dans de nouvelles compétences. L’avion de demain se fera avec les talents de demain », a confié Eric Trappier, confiant en l’avenir. « On commence à voir la sortie du tunnel » notamment grâce à la vente d’appareils commerciaux, a déclaré le président du Gifas sur à l’antenne de BFM Business le 31 mai 2021. En effet, Airbus a réussi son début d’année. En mars dernier, l’avionneur européen a vendu 72 avions à 34 clients. Il s’agit notamment de quatre avions régionaux canadiens A220, de soixante A320 et de huit long-courriers A350. C’est le double de ce que l’entreprise a été capable de faire en mars 2020. Ainsi, Airbus renoue avec sa cadence de livraison d’avant Covid.

Mais la reprise n’a pas vocation à ne profiter qu’aux grands groupes. Malgré la rudesse des derniers mois, peu d’entreprises ont déposé le bilan. « Le soutien de l’État, avec un plan ambitieux, et celui du Gifas ont été déterminants, avec une mobilisation immédiate », a indiqué Martin Sion, président du groupe des équipements (Gead) du Gifas. « La filière aéronautique et spatiale a subi une année critique, mais elle ne s’est pas effondrée. La qualité du soutien gouvernemental comme de l’ensemble de la profession a permis aux PME de la supply chain de résister et de poursuivre leur activité et les indispensables efforts d’adaptation requis », a confirmé Christophe Cador, président du comité Aéro-PME du Gifas.

Eric Trappier a indiqué que le fonds d’investissement Ace Aéro Partenaires, doté de 630 millions d’euros en juillet 2020, a finalement été peu sollicité. Le président du Gifas a précisé que le montant restant sera distribué aux entreprises ayant besoin d’aide pour favoriser leur reprise. En Occitanie, territoire particulièrement marqué par les difficultés de la filière aéronautique, le fonds Impulsion doté de 50 millions d’euros doit venir en aide aux PME et ETI. Les entreprises concernées pourront bénéficier d’aides financières allant jusqu’à cinq millions d’euros. Autre aide, le Pass Relance aéronautique. Celle-ci sert à rendre plus compétitives les entreprises industrielles et à se développer au-delà du secteur aéronautique.


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