La proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental du numérique en France, fruit du travail de la mission d’information constituée au sein de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, a été déposée il y a quelques jours au Sénat. Ce mercredi, cette même commission auditionnait Sébastien Gros, responsable des affaires publiques de la société Apple France et Floriane Fay, responsable des relations institutionnelles et politiques publiques de la société Google France. Objectif : appréhender leurs engagements en matière environnementale, notamment concernant les enjeux de sobriété des usages numériques, d’empreinte carbone des centres de données et d’empreinte environnementale des terminaux.
Des objectifs climatiques défendus pour 2030
Durant 2 heures pour Apple et seulement 30 minutes pour Google, les deux sociétés ont mis en avant leurs engagements et leurs objectifs pour 2030. Apple s’est notamment fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à cet horizon sur l’ensemble du cycle de vie de ses produits. Pour ce faire, la société compte sur l’écoconception, l’efficacité énergétique, 100 % d’énergie renouvelable et la captation du carbone. Google s’est pour sa part récemment engagé à alimenter l’ensemble de ses centres de données par de l’électricité 100 % décarbonée d’ici 2030.
« Les promesses ne suffiront pas à engager un tournant rapide et d’ampleur », juge la commission. Elle prône « une véritable régulation environnementale du secteur, seule à même d’empêcher la croissance fulgurante de l’empreinte carbone du numérique ». « Notre objectif n’est pas de condamner le numérique, défend Jean‑Michel Houllegatte, co‑auteur de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental du numérique en France, mais de mieux réguler le secteur ». Les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique pourraient en effet passer de 2 % à 7 % en France d’ici 2040, avec la multiplication des données et l’explosion du nombre de terminaux et d’objets connectés. Soit plus que le transport aérien.
La durée de vie des terminaux numériques en question
Face aux chiffres avancés par Apple pour justifier sa mue écologique « globale et systémique », Guillaume Chevrollier, également co‑auteur de la proposition de loi, a rappelé l’importance de limiter le renouvellement des terminaux numériques dont la fabrication représente 70 % de l’empreinte carbone du numérique en France. Guillaume Chevrollier a évoqué plusieurs pistes à l’étude : renforcer la lutte contre l’obsolescence programmée, condamner l’obsolescence logicielle, ou encore prolonger la durée de la garantie légale de conformité des produits numériques de deux à cinq ans.
À Google, la commission a mis en avant ses principales recommandations pour prévenir l’augmentation des consommations et émissions des centres de données et des services de vidéos en streaming comme YouTube. Google a mis en avant ses résultats : la firme a multiplié par 7 la puissance de calcul de ses data centers tout en gardant une consommation énergétique similaire. L’accent a été mis sur la nécessaire promotion des usages numériques plus vertueux d’un point de vue environnemental : interdiction du lancement automatique des vidéos, adaptation de la qualité des vidéos en streaming à la résolution maximale du terminal utilisé et écoconception obligatoire sur les sites des plus grandes entreprises.
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