Les vaccins contre le cancer sont récemment apparus comme l’une des approches les plus prometteuses pour se débarrasser des cellules tumorales avant qu’elles ne se répandent, en dirigeant les défenses immunitaires d’un patient contre les cellules cancéreuses afin de les détruire de manière spécifique. L’objectif de ces vaccins est d’obtenir une réaction à la fois parfaitement ciblée, autonome et pérenne. Bien que forte de quelques jolis succès, la recherche n’en est encore malheureusement qu’à ses balbutiements, la plupart des « candidats vaccins » ne fonctionnant que trop aléatoirement. C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs japonais aurait développé un nouveau type de vaccin capable de stopper la croissance d’une tumeur, un vaccin testé avec succès après l’inoculation de la substance active sur des souris de laboratoire. Leurs résultats ont été annoncé dans la dernière édition de la revue scientifique ACS Nano, publication consacrée aux nanotechnologies de la prestigieuse American Chemical Society.
L’immunothérapie : une efficacité pour le moment relative
Actuellement, la plupart des vaccins contre le cancer agissent :
- soit au niveau de l’antigène, en induisant une réaction immune contre un certain type de cellule, produisant des anticorps par le biais des lymphocytes B (immunité à médiation humorale) ou par le biais des lymphocytes T (immunité à médiation cellulaire) ;
- soit au niveau des cellules dendritiques et des macrophages, les cellules de surveillance qui jouent un rôle primordial dans l’initiation des réponses immunes adaptives. Le vaccin va faire signe à ces cellules immunitaires, qui vont à leur tour activer les lymphocytes NKT (Natural Killer T, « tueur naturel T ») afin qu’elles s’attaquent aux tumeurs.
Pourtant, les approches basées sur le ciblage de ces cellules immunitaires, en constante circulation, n’ont pas encore rencontré le succès escompté.
Un maître-mot : furtivité
Les découvertes récentes suggèrent qu’un sous-ensemble de macrophages, provenant du fin fond de la structure des ganglions lymphatiques, pourrait jouer une partition importante dans le ralentissement de l’évolution du cancer. Mais comment faire en sorte que le vaccin ne soit pas absorbé, phagocyté par les cellules dendritiques et les macrophages en circulation, et atteindre ce fameux sous-ensemble de macrophages ?
L’innovation majeure du vaccin mis au point par l’équipe de Hiroshi Shiku et Naozumi Harada serait à trouver… du côté de la furtivité des nanoparticules qui le composent. Les chercheurs ont injecté les nanoparticules ninjas dans l’organisme de plusieurs souris, particules ne possédant aucune charge électrique, ni même de molécule de surface (qui pourraient attirer l’attention des cellules immunitaires patrouilleuses). Les nanoparticules furtives, contenant des molécules-messages destinées aux lymphocytes NKT, furent non seulement capables de pénétrer les ganglions lymphatiques, mais réussirent également à se faire repérer et engloutir par les macrophages visés. Résultat : la croissance de la tumeur est entravée, de manière plus efficace qu’avec les vaccins existants.
Par Moonzur Rahman